Nat Jenkins signe une première websérie excellente avec « One Two », un nouveau regard intime et irrésistible sur les artistes pendant leurs balances. Chaque dimanche, nous vous dévoilerons un épisode. En voici le premier, « Fricassee », suivi de notre rencontre avec le réalisateur.
« One Two, One Two« , deux tapes sur le micro, un rituel bien familier pour les artistes en tournée. Les balances, Nat Jenkins en a connu. Avec son groupe, Nat Jenkins and the HeartCaves, l’artiste britannique a foulé les scènes du monde entier. Ses différentes expériences lui ont inspiré cette première réalisation, One Two. Six épisodes, seize artistes dont Natalia Tena (Game of Thrones/Harry Potter) et Marlon Magnée (La Femme), répartis dans cinq villes différentes, de la France à l’Australie. L’ensemble est une comédie surprenante, pleine d’un humour bien placé, qui montre les artistes sous un jour inconnu.
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En voici le premier épisode, Fricassee, co-réalisé par le producteur français Julien Colardelle. L’histoire d’un personnage touchant, à la limite du burlesque. Un chanteur d’heavy metal, joué par le comédien George Colebrook, au comportement presque schizophrène, obsédé par la nourriture et abandonné par son groupe pour ses balances. À regarder ci-dessous :
Entre nous, est-ce que tu es un traumatisé des balances ?
Nat Jenkins – Je pense que tous les musiciens qui ont pas mal tourné se sentent un peu traumatisés. (rires) C’est le moment le plus bizarre et le plus calme de la vie d’un musicien. En tant qu’auteur, ce qui m’a interpellé, c’est cette salle vide. Ça rend le moment très étrange. Tu fais tout le trajet, tu sors du bus, tu prends ton matériel, et il y a ce long moment avant que le concert commence. C’est aussi là où les égos et les tensions entre les gens ressortent.
D’où t’es venu l’idée du projet?
J’ai commencé à écrire il y a deux ans. Un jour, j’étais assis avec le guitariste de mon groupe, Robbie Heart, on était dans un jardin, on parlait de nos expériences en balances, on en rigolait. Et c’est à ce moment que je me suis dit qu’il fallait vraiment que je fasse quelque chose. Je me suis beaucoup inspiré de Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch, j’aurai jamais eu la volonté ou l’idée de faire ce projet sans ce film.
L’idée est de montrer l’envers du décor de la vie d’artiste?
C’est le thème conducteur du film. De regarder derrière le glamour et les lumières. L’ennui, c’est 99% de la tournée d’un artiste, c’est beaucoup d’attente. Tu as ce moment incroyable sur scène, pendant une heure, qui te donne l’impression que ça vaut le coup. Les gens ne voient que ce moment excitant sur scène.
Comment es-tu parvenu, en parlant de ce même sujet, les balances, à réaliser six épisodes différents?
Le fait que chaque épisode soit dans une ville différente aide beaucoup. Il y a différentes cultures. Danemark, Pays-Bas, France, Angleterre, Australie. Il y a différents caractères aussi, différents artistes, celui qui fait du heavy metal, du folk, de l’electro minimale.
Est-ce que tu penses qu’il y a une différence culturelle en terme de balances ?
Non, les balances sont pareils à peu près partout. C’est aussi pour ça que le projet fonctionne. La routine des balances est universelle. C’est aussi une des choses les plus bizarres en tournée, tu peux être n’importe où dans le monde, et t’es toujours là sur scène à 16h45 en train de dire « one two, one two« .
Comment as-tu choisi les artistes?
C’est des gens que je connais et avec lesquels j’ai déjà travaillé. J’ai rencontré Marlon dans une exposition photo un peu guindée à Paris par exemple. Je sais pas pourquoi j’étais là-bas, mais on s’est super bien entendu, on a un sens de l’humour similaire.
Tu étais sûr des qualités d’acteurs de ces musiciens?
Natalia est dans un groupe mais elle a aussi joué dans Harry Potter et Game of thrones. Mais pour plusieurs personnes, j’ai été surpris par le fait qu’ils pouvaient être de si bons acteurs. Je pense que Marlon avait jamais joué avant, et il était super.
Il s’agit de ta première expérience en tant que réalisateur?
Avant d’être dans la musique, j’ai fait quelques court-métrages. J’ai toujours écrit des scripts, des pièces de théâtre, c’était assez naturel. Mais c’était ma première en tant que réalisateur. J’aurai jamais été capable de le faire sans tous les réalisateurs qui ont travaillé avec moi. Ça a été très collaboratif.
C’était pas trop compliqué de travailler avec plusieurs réalisateurs ?
J’ai écrit les épisodes et imaginé le concept, je me suis occupée de la coordination. Il y a certains tournages où je n’étais même pas là. Mais je me retrouvais parfois à skyper avec les réalisateurs qui se trouvaient dans trois différents fuseaux horaires. Quelqu’un à Mexico, à 3h du matin qui buvait de la vodka, et quelqu’un en Australie en train de prendre son petit déjeuner par exemple. (rires) C’était un gros challenge, mais ça a donné à chaque film son humeur propre.
Comment es-tu parvenu à financer le projet?
On a fait le projet avec rien. Ce qui était assez dur. Tout le monde a travaillé gratuitement. Chaque film nous a peut-être coûté 500 euros. C’est un travail d’amour.
C’était pas étrange, en tant que musicien, de te retrouver de l’autre côté?
J’ai adoré. C’était drôle de pas être le performeur, juste de regarder ce que font les gens et les encourager à donner le meilleur d’eux mêmes.
Pourquoi avoir choisi de traiter le sujet de manière humoristique ?
C’est la manière dont j’écris. J’adore la comédie. Les musiciens sont des gens drôles. Ils sont tous amusants. Il y a aussi une forme de tristesse chez eux. Surtout dans l’épisode à Copenhague, il y a du désespoir. Ça fait aussi partie de tous les perfomeurs.
Propos recueillis par Morane Aubert.
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