Chaque semaine, le meilleur des expos art contemporain, à Paris et en province.
Gregory Crewdson – Cathedral of the Pines
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Gregory Crewdson, Pregnant Woman on Porch, 2013. Impression numérique pigmentaire / Digital pigment print 95.3 x 127 cm // 37 ½ x 50 in. Edition de 3 + 2 AP // Edition of 3, plus 2 APs © Gregory Crewdson. Courtesy Galerie Templon & Gagosian Gallery.
Cathedral of the Pines est la dernière série du photographe Gregory Crewdson – visible pour la première fois en Europe. Pour créer l’événement, la Galerie Templon la présente simultanément à Paris et à Bruxelles. L’événement est double car ce ponte du tableau vivant a traversé une période creuse, nous dit-on. En manque d’inspiration il s’isole dans la commune de Becket dans le Massachusetts où il réalise finalement 31 photographies.
Comme à son habitude, il met en scène méticuleusement son sujet et travaille tel un réalisateur avec une équipe de 15 assistants. Toujours prégnante, l’esthétique du cinéma fantastique et du drame psychologique rappelle un David Lynch ou un Alfred Hitchcock.
Un drame se profile-t-il à Becket ? La forêt et le décor rural sont idéals. Isolés dans des scènes de genre, les personnages de Crewdson (principalement des femmes) sont figés dans un état émotionnel incertain. On se voit à la fois projeté dans leur intimité et tenu à distance puisque rien n’est dit. Les compositions sont muettes, et l’on se prend pourtant à tendre l’oreille.
Du 10 septembre au 29 octobre à la Galerie Templon à Paris et à Bruxelles
William Kentridge – More Sweetly Play the Dance
William Kentridge, More Sweetly Play the Dance, 2015 © William Kentridge. Courtesy of the artist,LUMA Foundation and Marian Goodman Gallery.
Le festival d’Arles se clôt à la fin du mois. On y a beaucoup discuté photo, il est encore temps de voir les images animées de William Kentridge exposées au Parc des Ateliers de la Fondation LUMA. Nul besoin de présenter l’artiste sud-africain renommé internationalement tant pour ses films d’animation que ses mises en scène d’opéra.
More Sweetly Play the Dance est une danse macabre, au milieu de laquelle le spectateur s’immobilise. La procession se déroule sur une frise de 40 mètres, sur huit écrans, du sol au plafond. Des dessins au fusain – la signature de Kentridge – se mêlent à l’ombre de danseurs filmés. Des squelettes suivent des musiciens, des malades avancent à l’aide de leur pied à perfusion, des prêtres trottent joyeusement avec des couronnes mortuaires, d’autres personnages tirent des cadavres. Sur le rythme d’une fanfare au répertoire funéraire et festif, ces images en mouvement dépeignent une file d’individus fuyant la guerre, la famine, et les épidémies. Kentridge invoque les images des flux de migrants et de réfugiés. Il leur donne une vitalité d’une beauté déconcertante. Marquée par son expérience de l’apartheid, la teneur poétique de son œuvre sert toujours en pointillé une critique de l’oppression politique et des inégalités.
Jusqu’au 25 septembre à La Formation au Parc des Ateliers de la Fondation LUMA à Arles
Liz Magor – The Blue One Comes in Black et Humidor
Liz Magor, All the Names II, 2014. Caoutchouc de silicone, textiles en coton, papier. 27 x 43 x 33 cm. Courtesy Marcelle Alix, Paris et Catriona Jeffries, Vancouver. © SITE Photography.
Cela fait quarante ans que l’artiste Liz Magor œuvre à préserver l’identité des objets qui nous sont familiers. Le musée d’Art contemporain de Montréal vient tout juste de lui consacrer une rétrospective et la voilà déjà dans une double exposition, au Crédac et à la Galerie Marcelle Alix.
La Canadienne hypnotise par son minimalisme. Son art s’apparente presque à une sorcellerie visant à conserver et protéger ses prises : objets et vêtements choisis parce qu’usés et désuets. Elle dispose ainsi une série de couvertures de laine pliées, suspendues sur des cintres et recouverte de housses en plastique du pressing. Par transparence on distingue des accrocs et brulures de cigarette reprisés par l’artiste au fil de couleur.
Ses moulages hyperréalistes d’objets parfois non identifiés sont mis hors de portée, recouverts qu’ils sont de caoutchouc et de silicone translucides. Elle les embaume et les scelle pour mieux les protéger du temps. Résultat, l’artiste plonge ses objets dans un état de sommeil éternel. Leur fonction s’annule pour devenir des souvenirs. Liz Magor use assurément d’un charme.
Du 9 septembre au 18 décembre au Crédac à Ivry-sur-Seine et à la galerie Marcelle Alix à Paris
Reena Spaulings – Pont du Carrousel
Reena Spaulings, Pont du Carrousel, Exhibition view, Photo credits: Florian Kleinefenn Courtesy of the artist and Galerie Chantal Crousel, Paris
Reena Spaulings est née en 2004 avec une identité multiple, à la fois institution – pour mémoire, Reena Spaulings avait ouvert sa galerie éponyme à New York – et artiste fictive à la tête du collectif Bernadette Production. Représentée par la galerie Chantal Crousel, elle vient d’y réaliser in situ (information clé) des peintures sur Dibond.
L’exposition ressemble à un bilan géolocalisé. Au plafond de la pièce centrale, une carte du ciel correspond à l’alignement des étoiles vues de Paris le soir du vernissage, samedi 3 septembre dernier. Accédant aux autres salles, on sourit devant le portrait de Michel Houellebecq qui côtoie les créatures du jeu en réalité augmentée Pokemon Go (choisies pour avoir été aperçue dans le quartier).
Houellebecq et Grodoudou, les stars culturelles de l’été, illustreraient le « clinquant » et « l’égarement » décrit par Rilke dans Pont du Carrousel – titre de l’exposition. À moins que l’écrivain français soit l’aveugle du poème, « le juste inébranlable » ? On sourit alors davantage.
L’invasion des Pokemons remplace ainsi celle des punaises de lits de l’été 2010 à New York (les cinémas fermaient les uns après les autres) convoquée dans une exposition précédente de Spaulings, Occupy Wall Street. « Pont du Carousel est une exposition qui se localise, et nous localise », lit-on dans le communiqué. Reena Spaulings serait-elle la peintre absolue de la vie moderne ?
Jusqu’au 8 octobre Galerie Chantal Crousel à Paris
Potentiels évoqués visuels
Potentiels évoqués visuels, détail, 2016, Photo: Florence Loewy
Vaste sujet et vaste entreprise que la démocratisation de l’art dans sa production aussi bien que dans sa diffusion. Aussi, l’idée de faire une exposition collective et itinérante imprimée sur un rideau de 3 X 5 mètres est inspirée. On a été interpellé. La Galerie Florence Loewy ouvre le bal de cette itinérance aux moyens techniques simples.
Les étapes suivantes restent non précisées, mais le rideau peut s’accrocher aussi bien à la vitrine d’un magasin qu’à la fenêtre d’une chambre d’hôtel, s’offrant alors à la vue de tout passant qui ne regarde pas ses pieds (ou son smartphone). Claude Closky, Lucas Henao Serna, Seulgi Lee, Marylène Negro et Yonatan Vinitsky sont les artistes qui se sont prêtés au jeu sous le commissariat d’Elsa Werth.
Jusqu’au 24 septembre à la Galerie Florence Loewy
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