En pleine promotion d’ »American Honey », le road movie anarchiste d’Andrea Arnold dans lequel il tient l’un des rôles principaux, Shia Labeouf multiplie lors de ses interviews presse les digressions parfois étonnantes sur sa carrière.
Shia Labeouf est l’une des figures les plus insaisissables d’Hollywood, dont il a incarné tour à tour toutes les facettes, du jeune premier héros de blockbusters franchisés (Transformers) à l’acteur prêt à s’investir dans des projets pointus et risqués (Nymphomaniac, de Lars Von Trier) ; du gendre idéal et candide pour plateaux télé au trublion adepte de performances et happenings aussi surprenantes que gênantes. A tout juste trente ans, l’acteur, qui s’est confectionné une image pétrie de paradoxes, tant pris au sérieux que tourné au ridicule, jusqu’à devenir un objet pop version numérique, conduit sa carrière comme un équilibriste sans-filet adepte de la provocation.
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Tuer le père
Interrogé par le magazine Variety au sujet des nombreux virages, parfois inattendus, qu’a pris sa carrière, l’acteur est revenu sur sa collaboration avec Steven Spielberg, pour lequel il a interprété le fils caché d’Indiana Jones dans Le Royaume du crâne de cristal et le protagoniste des premiers épisodes de la saga Transformers, produite par le maître. Si le réalisateur l’a fasciné enfant, leur rencontre professionnelle lui a laissé un goût amer :
« Quand vous arrivez, vous réalisez que vous ne rencontrez pas le Spielberg dont vous aviez rêvé, mais un réalisateur qui est entré dans un stade différent de sa carrière. Et c’est moins un réalisateur qu’un putain de chef d’entreprise. »
Décrivant un faiseur mécanique, distant et maniaque au point de chronométrer le tempo de chaque réplique, sans aucun égard pour l’intégrité artistique, l’acteur ajoute : « Quand tu travailles comme ça pendant cinq ans, tu finis par ne plus savoir vraiment ce que tu fais pour vivre ». Il surenchérit en affirmant détester les films qu’il a fait en collaboration avec Spielberg, mis à part Transformer 1. Durant sa très médiatique performance #ALLMYMOVIE l’an dernier, pour laquelle il s’est fait filmer assis dans une salle cinéma lors d’un visionnage-marathon de tous ses films, il a d’ailleurs ostensiblement quitté la salle au début du second volet de la saga Transformers.
La tentation du retour aux blockbusters
Toujours pour Variety, Shia Labeouf a également révélé qu’il avait failli figurer au casting de Suicide Squad, le blockbuster ultra-médiatisé à base de super-méchants au succès financier impressionnant malgré des retours critiques désastreux. Le réalisateur David Ayer, qui avait dirigé l’acteur dans Fury en 201, envisageait en effet de lui confier le rôle du lieutenant « GQ » Edwards, un marine travaillant pour la cynique et manipulatrice Amanda Waller, finalement interprété par Scott Eastwood. Le personnage a finalement perdu de l’importance au fil des réécritures pour mettre en avant ceux de Deadshot, incarné par le revenant Will Smith, et surtout d’Harley Quinn / Margot Robbie.
L’acteur révèle que c’est la Warner Bros et ses pontes qui ont tempéré ses velléités d’incursion dans l’univers étendu DC comics :
« Je suis allé les rencontrer et ils m’ont dit « Non, tu es fou. Tu es un bon acteur, mais pas pour ça ». C’était un gros investissement pour eux. »
Un refus poli qui sonne comme un rappel à l’acteur de sa décision de s’éloigner des blockbusters pour se consacrer à des films plus fragiles et aventureux.
American Honey d’Andrea Arnold avec Shia Labeouf et Sasha Lane, Prix du jury du 69e Festival de Cannes, sortira en salles en 2017.
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