Les Inrockuptibles s’intéressent depuis toujours aux gestes artistiques secouants, dérangeants, bouleversants ; aux œuvres qui constituent un contre-discours face à la norme, et participent ainsi à faire changer les mentalités, la société. À ce que l’on n’attendait pas, à ce que l’on ne connaissait pas, à l’innovation, à la créativité, à l’audace, à l’insolence.
Alors que le parti d’extrême droite séduit de plus en plus d’électeur·rices, rappelons que la peur de l’autre est un poison, peut-être le pire des poisons qu’une société, qu’un individu puisse connaître.
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Les portes se sont refermées
Autant d’idées, de convictions que je ne pensais pas devoir mettre par écrit un jour, ça m’aurait paru bien naïf, bien “enfonçage de portes ouvertes”. Mais les portes se sont refermées, insidieusement, sans qu’on ne veuille vraiment le voir, nous qui nous bouchions un peu les oreilles et les yeux pour ne pas comprendre tout à fait, pour ne pas voir qu’il ne s’agissait pas d’une crainte lointaine mais d’une réalité, que la souffrance et la peur avaient tétanisé et resserré certains esprits européens et français. Que l’autre était redevenu un épouvantail. Un autre justement, non pas au sens jouissif de l’alter (ego), mais au sens de celui qui diffère d’une norme imposée.
Je lis en ce moment les entretiens de Hans Ulrich Obrist avec Édouard Glissant, qui viennent de paraître aux éditions du Seuil/Luma. Glissant y dit, de façon très utopiste et brillante :
“Deleuze et Guattari : la différence qu’ils font entre la racine unique et le rhizome m’a été d’un profit extraordinaire, la racine unique qui tue tout autour d’elle et le rhizome qui au contraire s’étend vers d’autres racines sans les tuer. […] Si cette idée avait reçu une publicité réelle dans le monde, elle aurait combattu bien des enfermements, des sectarismes, et je continue à croire que les holocaustes, les massacres ne seront pas vaincus par la force militaire ou par l’imposition politique. Ils ne seront vaincus qu’à partir du moment où les mentalités, où les spiritualités des hommes et des humanités auront consenti à ce genre d’idées. Et en particulier à celle-ci que je répète inlassablement : ‘Je peux changer en échangeant avec l’autre, sans me perdre pourtant ni me dénaturer.’ L’une des trames d’aujourd’hui est que chacun a peur de changer, c’est la peur qu’en prenant quelque chose à l’autre, on disparaisse, on doive s’évanouir, se diluer. Mais non ! Et il faut que nous opérions cette révolution fondamentale dans l’histoire des humanités pour qu’on puisse dire ‘je peux changer, je ne suis pas obligé de demeurer le même, je peux prendre à l’autre’.”
Votez les 30 juin et 7 juillet contre le RN
Contre une société refermée, tétanisée par la peur, le repli sur soi, une société qui ne défendra qu’une culture patrimoniale, une société de la défiance qui se trouvera toujours un coupable du côté des minorités politiques.
Défendons, ensemble, une société humaniste, une société de l’ouverture, à bloc.
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