Les “Rencontres estivales autour des enfermements, Concertina”, proposent à Dieulefit des conférences et tables rondes pour penser des alternatives à toutes les formes d’internement et de détention.
L’enfermement, dont la prison, la rétention, la garde à vue, l’hospitalisation sous contrainte ou les centres éducatifs fermés sont les visages les plus crus, peut-il se célébrer dans des assemblées qui tenteraient de lui opposer des alternatives politiques ? Les “Rencontres estivales autour des enfermements, Concertina”, le pensent fermement depuis quatre ans. Les équipes de ce festival à ciel ouvert consacré aux espaces fermés et disciplinaires revendiquent le choix original de « s’intéresser à la personne privée de liberté”, de “se mobiliser pour elle”, de “la placer au centre de nos préoccupations”.
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Pour sa nouvelle édition, après Barbelés (2021), Évasions (2022) et Silences (2023), ces Rencontres dirigées par Marie Evreux explorent la question des “marges” durant quatre jours dans un village de la Drôme, Dieulefit.
Mise à l’écart
Cette croyance fondatrice dans l’attention éthique et pratique à cette question de l’enfermement, par-delà même la surveillance et le contrôle, tient lieu de ligne éditoriale inédite dans le paysage hexagonal des festivals d’été. “Nos sociétés jugent la personne enfermée, jugent sa faute, sa déviance, son infraction, parfois sa non-conformité aux normes sociales ou sa dissidence politique”, rappellent les équipes de Concertina. “Elles jugent bon de la mettre à l’écart pour s’en protéger et, pourquoi pas au passage, de la faire souffrir, de l’inscrire dans la marge invisible de nos territoires. De la marge à l’exclusion, il n’y a qu’un pas qui peut confiner parfois à la barbarie”.
Les marges signent précisément un refus de modèles prédateurs, dont la possible arrivée au pouvoir du RN pourrait accélérer la dérive. “Ouvertes et floues, ces marges offrent leur espace de liberté et de création, invitent à l’engagement, la solidarité, la nonchalance, la tendresse, les chemins de traverse ou le pas de côté, la poésie, la musique, la résistance…”.
Cartes blanches, rencontres et conférences
Présidente de cette édition 2024, Stéphane Mercurio, qui a réalisé de nombreux films documentaires importants sur les personnes en marge (sans-abriAu Eye Filmmuseum, Albert Serra nous invite à participer à une sépulcrale partouze, prisonnier·ères, personnes trans…), accompagnera de sa présence de nombreuses conférences, tables rondes, projections durant ces quatre jours.
On sera notamment attentif·ves à la conférence d’ouverture de Jean-Yves Loude, écrivain et ethnologue, sur la rencontre des autres et de l’ailleurs, à la conférence de Jean Lebrun, “Bienvenue les enfants”, sur l’usage des colonies pénitentiaires au XIXe siècle, à la carte blanche confiée à Jean-Marie Delarue, ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté, à la conversation entre Nancy Huston et Patrick Le Mauff, à la conférence de l’anthropologue Michel Agier, “La peur des autres : propos sur l’indésirabilité”, construite sur un long travail de recherche sur les lieux où sont regroupées des personnes déplacées et contraintes à l’exil…
Et des tables rondes
Plusieurs tables rondes – La marge, créatrice de nouveaux droits ? ; Surveiller et soigner ? Les personnel·les de surveillance face à la maladie mentale… – , ainsi que des ateliers – l’irruption de l’anormalité ; histoires en prison, le parloir de mes songes ; Les graffitis font le mur… – élargiront le cadre des conférences pour dessiner un tableau général de la question de l’enfermement, en posant des questions politiques essentielles, souvent absentes du débat public.
Concertina imagine d’autres voies que celles des sociétés enfermantes et de la logique d’internement systématique. Une autre manière de gouverner le monde est possible ; celle qui questionne déjà l’enfermement, avant de céder à sa nécessité, voire à son désir.
Concertina, Rencontres estivales autour des enfermements du 28 au 30 juin, Dieulefit
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