le Jury Goncourt vient de publier sa première sélection : Reza, Cusset, Slimani, Dubois, Jauffret… En tout, seize titres pour une liste en phase avec les choix de la critique.
C’est une première liste impeccable que vient de présenter le jury Goncourt, voire presque trop lisse car sans grosse surprise. Une liste de seize titres qui reflète en grande partie les choix de la critique : la trop évidente Yasmina Reza, dont le Babylone (Flammarion) ne nous a pas entièrement convaincu, Karine Tuil, dont l’épais L’Insouciance semble avoir été écrit spécialement pour recevoir le Goncourt (le genre “roman total” sur le monde, entre haute finance, journalisme et guerre), Catherine Cusset avec son beau et mélancolique Celui qu’on adorait, Jean-Paul Dubois et son poussif La Succession (L’Olivier), ou encore la surprise de la rentrée, l’enquête de l’historien Ivan Jablonka autour du meurtre d’une jeune fille, Laëtitia ou la fin des hommes (Seuil), ni un roman, ni complètement un essai, mais un texte puissant.
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S’ajoutent à ceux-là des auteurs présents depuis longtemps dans le paysage littéraire, et qu’il serait peut-être temps de récompenser : Laurent Mauvignier avec Continuer (Minuit), Régis Jauffret dont Cannibales (Seuil) roman épistolaire, convainc moins que ses précédents, et surtout le très fort Luc Lang, dont Au commencement du septième jour (Stock) fut notre choix pour la rentrée.
Place aux jeunes
Les jurés ont aussi fait la part belle aux jeunes écrivains et c’est tant mieux, car ils le méritent : Natacha Appanah avec Tropique de la violence (Gallimard), Leïla Slimani pour Chanson douce (Gallimard), Magyd Cherfi pour son premier récit autour de sa jeunesse dans une cité, Ma part de Gaulois (Actes Sud), et le jeune Gael Faye dont le premier roman, Petit Pays (Grasset) vient de recevoir le prix Fnac.
On regrettera leur frilosité face au roman courageux et puissant de Simon Liberati, California Girls (Grasset), grand absent de cette liste, sans doute parce qu’il reconstitue le meurtre de Sharon Tate – mais qui a dit que la littérature devait être mièvre ?
Reste que, malgré la présence de Virginie Despentes au sein du jury, le Goncourt est… le Goncourt. Et il se pourrait bien que leur choix final, le 3 novembre, reflète moins les goûts de la critique que leurs habituelles obsessions : la Seconde Guerre mondiale avec L’Affaire Léon Sadorski (Robert Laffont) de Romain Slocombe, la saga historique avec Les Possédées (Albin Michel) de Frédéric Gros, le classicisme avec Règne animal (Gallimard) de Jean-Baptiste Del Amo ou L’enfant qui mesurait le monde (Grasset) de Metin Arditi. Rendez-vous les 4 et 27 octobre pour leurs prochaines sélections.
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