La montée du parti antimigrants en Allemagne lors des élections régionales, quelques semaines après le Brexit, est un des signes d’une Europe qui se replie sur elle-même et choisit la facilité du populisme.
Il n’aura fallu que très peu de temps aux oiseaux de mauvais augure pour sauter sur la défaite de la CDU d’Angela Merkel aux élections régionales de dimanche, et fournir une explication en béton. Bien entendu, si le parti de la chancelière a perdu, devancé même par l’extrême droite dans son propre land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, c’est parce qu’elle a mené une politique trop généreuse en direction des régufiés, que l’on a depuis rebaptisé “migrants”, vous ne l’ignorez pas.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dès dimanche, encore rôtie de ses vacances, Marine Le Pen félicitait le parti antimigrant allemand AFD dans une déclaration tout droit venue de 1933 : “Les patriotes de l’AFD balaient le parti de Madame Merkel. Toutes mes félicitations.” Claquement de bottes. Lundi matin, c’est Bruno Le Maire, pourtant réputé pour être l’un des esprits les plus éclairés à droite, qui enfilait les perles et le costume de l’idiot du village sur France Info :
“Je pense que ça n’est pas raisonnable de vouloir accueillir autant de réfugiés en si peu de temps.” C’est vrai les mecs, organisez-vous un peu à l’avenir, et des deux côtés. Que les réfugiés pensent à réguler les venues, et que l’Etat (allemand en l’occurence) songe, lui, à ne pas faire rentrer tout le monde en même temps. On rêve.
Dans l’attente d’un sursaut démocratique
On sait que l’intelligence n’est plus vraiment de ce monde politique, mais voir un type comme Bruno Le Maire tomber aussi bas nous donne le droit de nous poser des questions. Comme le rappelait justement David Carzon lundi dans Libération, “si Angela Merkel se retrouve fragilisée, on peut regretter que ce soit sur cette question essentielle où elle a affiché une conviction digne de l’idéal européen, qui a fait défaut à d’autres”. Ce que l’on appelle le courage politique, en quelque sorte.
A gauche, reconnaissons au moins le mérite à Manuel Valls – qui doit boire du petit lait – d’avoir expliqué dès février que la politique d’Angela Merkel était une hérésie. Valls s’était alors prononcé pour un quota de 30 000 réfugiés pas plus, alors que la chancelière allemande défendait un mécanisme d’ajustement permanent.
Quelques semaines après le Brexit (dont la campagne se focalisa largement sur la question des fameux “migrants”), à quelques jours du référendum sur le projet de réforme constitutionnelle que doit affronter Matteo Renzi en octobre et à quelques mois de l’élection présidentielle française, il est temps d’organiser un sursaut européen : un sursaut démocratique, mais surtout humaniste, qui dépasse désormais le clivage gauche-droite.
{"type":"Banniere-Basse"}