Ce mercredi 29 mai, Mothland investissait les Inrocks Super Club en ramenant de Montréal deux de ses plus beaux fleurons : Astuko Chiba et Hot Garbage. C’était l’événement à ne pas manquer.
Ce mercredi 29 mai, il fallait être à la Boule Noire, boulevard Marguerite de Rochechouart, Paris 18e, pour la carte blanche offerte par les Inrocks Super Club à Mothland, label essentiel venu du Québec. Et les Parisien·nes qui vaquaient à d’autres occupations ce soir-là doivent impérativement se poser la question : à quel moment ma vie est-elle devenue un tel cloaque, froid et lugubre, pour en arriver à manquer un événement de cette trempe ?
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Il y a quelques années, de belles âmes nous présentaient les Mothés, dans un Montréal semi-confiné et vide, mais pas encore enneigé. Une rencontre sulfureuse et interlope, à la marge des vies réglées comme du papier à musique des braves citoyen·nes.
Ces jeunes gens modernes semblaient ne vivre que la nuit, tout de noir vêtus, et déambulaient dans la pénombre des salles de concert montréalaises comme des créatures flottantes dans l’éther métallique et les effluves narcotiques. Le revival gothico-punk permanent, mais à la sauce bubblegum et sunshine pop, tant l’exaltation de Mothland pour la musique, la performance artistique et les amitiés nouvelles est contagieusement joyeuse, baroque, presque burlesque.
Usine à rêves punk
Au mitan des années 2010, dans un Montréal pris dans la vague néo-psychédélique, les Mothés ont d’abord organisé des soirées en distribuant des champignons hallucinogènes pour s’attirer les faveurs du public, avant de devenir un label à proprement parler au tournant pandémique. Une mine d’or, documentée dans une première compilation, Sounds From Mothland Vol. 1 (2020).
Il en sortira une autre, trois ans plus tard, à mesure que le catalogue s’étoffera de dizaines d’artistes, offrant une vision hallucinée de réminiscences de Siouxsie Sioux, Birthday Party, Cramps, Iggy, Damo Suzuki et des Nouveaux romantiques british. Et si ces figures tutélaires suintent de partout, elles ne sont jamais un poids ou une entrave à la modernité de la musique qui sort de cette usine à rêves punk.
Attitude et maîtrise
Cette semaine, Mothland a ainsi ramené à Paris deux de ses plus beaux fleurons : Astuko Chiba, quintet post-kraut sous haute influence At the Drive-In, et Hot Garbage, dans un genre plus stoner, rappelant aussi les premiers Sonic Youth. On raconte que l’attitude n’est rien sans la maîtrise. On rétorquera, n’en déplaise aux grincheux·ses, que la maîtrise n’est pas grand-chose non plus sans l’attitude. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces sacrés groupes sont pourvus des deux. Merci à eux.
En parlant de maîtrise et d’attitude, merci de bien vouloir garder un œil sur Arthur Fu Bandini, qui ouvrait le bal ce soir-là, en marge du label. On n’avait plus entendu la langue française sonner de façon aussi rock depuis les années 1980 du Paris pluvieux du Palace et des grandes avenues grises et froides.
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