Somptueux nouvel album des Américains, de plus en plus libres. Critique et écoute.
On mesure de mieux en mieux, au fil d’albums de plus en plus affranchis des cahiers de surcharge du hip-hop, l’ironie de ce nom : The Roots. Déraciné, nomade, le collectif de Philadelphie gagne à chaque sortie en liberté de mouvement, en autonomie. Sa poudre d’escampette reste, depuis presque quinze ans, l’une des plus puissantes et addictives du hip-hop. On pouvait pourtant légitimement s’inquiéter de l’opacité du concept de ce treizième album – le déclin fatal d’un personnage déjà mis en scène par Sufjan Stevens. Mais le groupe, véritable star du show télévisé de Jimmy Fallon, où il a accompagné aussi bien Odd Future que Justin Timberlake, maîtrise avec insolence ces variations d’ambiance et zigzags stylistiques.
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Ainsi, loin d’un Kanye West qui n’invite le folk de Bon Iver qu’en accessoire de mode, qu’en bonne conscience biobio, les Roots bâtissent l’ambitieux et cinglé dernier morceau d’Undun entièrement autour du piano hanté de Sufjan Stevens, après être passés par une soul décharnée et inquiète, un hip-hop hanté par le Marvin Gaye patraque de What’s Going on ou des ballades scandées, indignées, affaissées. Ultime ironie : s’appeler Roots quand on est à ce point raffiné, sophistiqué.
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