À 34 ans, le comédien grec, vu au théâtre et à la télévision, fait ses premiers pas sur grand écran et s’impose déjà comme une icône gay.
Les héllénistes assidu·es se souviendront peut-être avoir apris en cours de grec ancien que Démosthène était bègue. Mais que pour surmonter ce handicap, il s’entraînait à parler avec des cailloux dans la bouche. L’exercice fut profitable puisque la postérité le sacra comme l’un des plus grands orateurs de toute l’Antiquité. Démosthène, c’est aussi le prénom du personnage principal de The Summer with Carmen, délectable comédie queer signée par le jeune cinéaste grec Zacharias Mavroeidis. Démosthène est gay, comédien, le moral ruiné par une rupture douloureuse. Ses ami·es l’appellent Démos, mais plutôt que de l’affubler du nom de l’illustre orateur, on le surnommerait plutôt Hercule ou Atlas, tant son physique héroïque et sa sculpturale stature le supposeraient apte à porter la voûte céleste sur ses épaules.
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Démos, c’est Yorgos Tsiantoulas, un jeune comédien formé au théâtre puis aux séries télé. “The Summer with Carmen est mon premier film dans l’industrie cinématographique”, dit-il avec fierté. En France, les aficionado·as de théâtre l’ont sans doute vu dans Orestie (une comédie organique ?), le sublime spectacle de Romeo Castellucci joué à l’Odéon en 2015. “J’ai parcouru 400 kilomètres pour passer le casting. Être pris a été l’une des plus grandes joies de ma vie. Romeo est d’une intelligence artistique sidérante, toujours désireux d’apprendre et d’explorer.”
Du cinéma grec, les cinéphiles français·es connaissent aujourd’hui les films fantasques et queer de Panos Koútras (Xenia, L’Attaque de la moussaka géante). On demande à Yorgos s’il existe une scène cinématographique queer très vive à Athènes, dont The Summer with Carmen ferait partie. Il répond que “même si il n’en est qu’au début, tout comme la position générale du pays en matière de droits LGBTQI+, le cinéma queer a connu un essor ces dernières années. Mais la diffusion de ces films est très minoritaire en Grèce. C’est très surprenant pour nous de découvrir que les film de Panos Koútras sont diffusés assez largement en France, que ses films ont une vie en DVD. J’espère que The Summer with Carmen prendra ce chemin”.
Dans le film, Panos est magnifié et érotisé, filmé comme Antonio Banderas dans les premiers films d’Almodóvar. On l’interroge sur cette iconisation de lui-même. “Ça me flatte si on me considère comme un ‘sex-symbol’, mais mon objectif a toujours été de faire ressortir la vérité et la profondeur de mes personnages. De toute façon, la force iconique d’un personnage dépend de la force d’une histoire et de la collaboration de toute une équipe.” Ainsi conclut avec humilité l’éloquent Démosthène.
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