Sur Arte, un documentaire de Laurence Serfaty montre comment le tsunami d’informations provoqué par notre connexion permanente aux outils numériques menace nos capacités cognitives, et même notre santé mentale.
Apparus de manière concomitante dans les années 90 et devenus très rapidement des éléments indispensables de la vie quotidienne, internet, les téléphones portables et les ordinateurs portables (et autres tablettes) ont changé notre rapport aux autres et au monde.
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Omniprésents, ils s’infiltrent dans le milieu professionnel autant que dans le cadre domestique et occupent de plus en plus de notre temps – à tel point que certaines personnes ne se déconnectent jamais vraiment, y compris la nuit. Un tel changement comportemental induit aussi une évolution sur le plan du mental, le cerveau, soumis à un flux continu d’informations multiples, étant sollicité en permanence ou presque.
C’est ce phénomène de société, d’une ampleur sans précédent, que prend pour sujet Hyperconnectés, le cerveau en surcharge. Sollicitant les éclairages de plusieurs spécialistes de la question, le film recueille également les témoignages de personnes particulièrement affectées par l’excès de connectivité et exposées par conséquent à des risques de burn-out – ce mal typique de l’ère numérique.
Risques de burn-out
Selon le sociologue Thierry Venin, auteur du livre Un monde meilleur ?, 12 % des actifs en France et en Allemagne auraient des risques élevés de burn-out. Le film avance plusieurs autres chiffres éloquents : la moitié de la population mondiale utilise internet aujourd’hui, 150 milliards de mails sont échangés chaque jour, l’équivalent d’environ 28 millions de livres est diffusé sur internet chaque seconde et la gestion des mails représente 30 % de la journée de travail d’un salarié.
Ainsi que l’explique Thierry Venin, les outils fabriqués par l’homme le façonnent. Or, ces outils ultra-modernes influent en profondeur sur notre manière de vivre et de penser, entraînant des répercussions au niveau physiologique, telles que perte de concentration et augmentation du stress (jusqu’au possible burn-out). Ils tendent à nous compliquer la vie alors qu’ils devraient la simplifier…
Droit à la déconnexion
En jouant sur le circuit de la récompense, cette partie du cerveau qui enregistre ce qui nous fait plaisir, ils suscitent des pratiques excessives, proches de comportements addictifs. Selon les mots de la chercheuse américaine Gloria Mark, nous vivons “le Far West de l’ère numérique” – c’est-à-dire une période très chaotique dont les conséquences à long terme sur l’homme sont encore difficiles à évaluer précisément. S’appuyant sur diverses expériences scientifiques, notamment celles menées par le médecin militaire Stéphane Buffat sur des pilotes d’avion, le documentaire rappelle l’importance de faire des pauses et souligne la nécessité d’apprendre à bien utiliser ces nouveaux outils.
Cet apprentissage, qui passe en particulier par la maîtrise de l’attention et l’ordonnancement des tâches, concerne en priorité les enfants. Montrant l’action accomplie dans les écoles par l’universitaire Jean-Philippe Lachaux, le film bat en brèche l’idée reçue selon laquelle les nouvelles générations seraient moins exposées aux risques inhérents à l’ère numérique.
Pour les hommes d’aujourd’hui comme pour les enfants de demain, il importe par conséquent d’inventer « le droit à la déconnexion”, comme le conclut joliment le commentaire en voix off.
Hyperconnectés : le cerveau en surcharge Un documentaire de Laurence Serfaty (France, 52′), diffusé sur Arte le samedi 3 septembre à 22h20
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