Dans le cadre de l’exposition “Namedropping”, le Museum of Old and New Art (MONA) va organiser des sessions d’écoute de l’un des albums les plus rares au monde. Le disque n’a été édité qu’à une seule copie CD, conservée depuis 2013 comme une œuvre d’art.
L’évènement est aussi rare et précieux que ce qu’il s’apprête à dévoiler : près de dix ans après sa mise en vente en 2015, l’album Once Upon a Time in Shaolin, pensé comme une œuvre d’art – à ce sujet, le producteur RZA comparait le disque à une relique égyptienne ou un tableau de Picasso, rien que ça –, sera diffusé pour la toute première fois au Museum of Old and New Art (MONA) (musée d’Art ancien et nouveau), en Australie (Tasmanie).
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Pour l’exposition Namedropping, consacrée à la notoriété et au statut des artistes, le musée va proposer de petites sessions d’écoutes, du 15 au 24 juin, au cours desquelles les participant·es pourront entendre un extrait de l’album d’une trentaine de minutes. À ce jour, seul·es quelques privilégié·es ont pu écouter tout ou partie de l’album. Les auditeur·ices pourront aussi observer le coffret en argent sculpté à la main, conçu pour abriter la seule et unique copie du disque.
Un album-relique
Surtout, Once Upon a Time in Shaolin a été imaginé dès sa conception comme une pièce rare. En studio, le Wu-Tang Clan a pensé le disque comme une œuvre unique, à rebours de l’industrie musicale de l’époque, de plus en plus dominée par le support numérique et le streaming. L’objectif : adopter “une approche de la musique à la manière de la Renaissance, vieille de 400 ans, en l’offrant comme un produit commandé”.
L’album, réalisé de 2006 à 2013 – puis conservé précieusement dans une chambre forte –, comporte 31 morceaux, ainsi qu’une paire d’enceintes et un livret de 174 pages contenant les paroles, les crédits ainsi que des anecdotes sur la réalisation de chaque morceau. Un objet ultime donc, vendu deux ans plus tard aux enchères en 2015.
L’album le plus convoité acheté par l’homme le plus détesté d’Amérique
L’acheteur, d’abord anonyme, sera finalement révélé : il s’agit du financier Martin Shkreli. Ce dernier est notamment connu pour avoir racheté en 2015 plusieurs entreprises pharmaceutiques, et fait exploser le prix d’une pilule essentielle dans le traitement de maladies comme le sida ou le paludisme. Le tout en affichant volontiers son niveau de vie de millionnaire sur les réseaux sociaux. Véritable visage d’un capitalisme vorace et d’une culture du show off, Martin Shkreli a rapidement gagné une réputation de type le plus détesté des États-Unis.
Si ce dernier avait interdiction de diffuser l’album d’ici aux 88 prochaines années suivant son achat – directives données par le groupe –, l’entrepreneur s’est tout de même permis en 2016 de dévoiler, pendant un livestream, l’intro de l’album. Le contexte : Martin Shkreli voulait fêter avec ses internautes l’élection de Donald Trump… En 2018, rattrapé par la justice américaine pour fraudes, il est finalement sommé de remettre le fameux album aux procureurs, avant qu’il ne soit vendu au collectif d’art numérique Pleasr.
Mais, revenons-en au Wu-Tang. L’exposition s’apprête donc, pour la première fois, à proposer un extrait de l’album au public. Seul son premier acquéreur, ainsi que de potentiels acheteurs et quelques médias triés sur le volet ont pu l’écouter. Parmi eux, le magazine Rolling Stone, écrit en 2015 dans un article : “Si l’album complet de 128 minutes Once Upon a Time in Shaolin est aussi solide que les 13 minutes entendues lundi soir, il pourrait être l’album le plus populaire du groupe depuis 1997. La musique, qui ressemble à la version Wu-Tang de All That You Can’t Leave Behind de U2 ou de Death Magnetic de Metallica, renvoie à l’époque glorieuse de RZA, entre Enter the Wu-Tang (36 Chambers), le premier album de 1993, et Wu-Tang Forever, le double disque qui a suivi en 1997.”
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