Les excités texans, déjà là au printemps, présentent en retard leur collection été. Critique et écoute.
L’actuel engouement (justifié) pour les Black Keys a pour conséquence
fâcheuse de reléguer au second plan l’autre groupe américain qui aura transformé en quelques années le garage en jardin des délices. Loin de nous l’envie d’opposer Black K et White D, rappelons juste qu’en mai dernier les quatre mousquetaires d’Austin, Texas, ont publié un troisième album jubilatoire et extravagant, en rupture assez franche avec leurs précédentes sorties blues-punk dadaïstes.
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L’objet, intitulé D, aurait bien mérité un triple A pour sa large gamme de variations sensorielles, allant du psychédélisme au prog- rock en passant par des chemins et des raccourcis assez déboussolants, dégageant souvent sur de somptueuses clairières riches en surprises. On aurait pu croire qu’un tel voyage fantastique avait occupé à plein les deux années qui séparaient D de son prédécesseur, le déjà bien secoué Fits. Pourtant, alors que leur maison de disques les faisait mariner trop longtemps à leur goût, les White Denim sont retournés en studio pour enregistrer douze titres supplémentaires, un album entier offert à l’origine sur leur site internet et qui paraît donc aujourd’hui en conclusion d’une année particulièrement fertile.
A peine moins ouvragé et inventif que D, Last Day of Summer complète à merveille ce diptyque en prolongeant le plaisir de voir ce groupe en totale liberté, transposant au cœur du Texas les ateliers (ré)créatifs de l’école de Canterbury (Soft Machine, Caravan…) tout en restant près du radiateur, un peu
cancre et potache question maintien.
Curieusement, une étrange communion semble aujourd’hui relier ces Américains avec les Anglais de Field Music, et par ricochet avec les regrettés XTC, d’autres punk-rockeurs qui se réinventèrent en coloristes pop et ménestrels folk, dont on mesure aujourd’hui l’influence colossale. Reste à espérer qu’une telle reconnaissance finisse par toucher les prolixes White Denim de leur vivant.
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