Un très beau film des Larrieu. Sur quoi ? La vie, tout simplement.
Après la compétition officielle en 2005 (Peindre ou faire l’amour), la Quinzaine des réalisateurs en 2008 (Le Voyage aux Pyrénées), les Séances de minuit en 2021 (Tralala), les frères Larrieu reviennent à Cannes dans la sélection Cannes Première, avec une adaptation très tendue et réussie du roman éponyme de Pierric Bailly édité chez P.O.L, l’histoire d’Aymeric (Karim Leklou, dont la présence continue à impressionner), un jeune homme du Haut-Jura (la montagne, lieu des deux cinéastes de Lourdes) qui accepte de devenir le père d’un enfant, Jim, dont le père est parti.
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Papa qui t’es ?
Florence (Laetitia Dosch, dans un rôle pas toujours sympathique), une ancienne collègue d’Aymeric, est ravie. Mais le père (Bertrand Belin, déjà vu dans Tralala), revient dans la vie de Florence dix ans après son départ et grignote peu à peu le territoire d’Aymeric, qui se considère comme le vrai père de Jim puisqu’il lui a donné le biberon, l’a élevé, lui a appris à peu près tout ce qu’il sait de la vie.
Bientôt, Florence part au Canada avec Jim et son géniteur. Aymeric souffre, Aymeric continue de vivre, “refait sa vie”, comme on dit, les liens épistolaires avec Jim s’étant distendus progressivement. Et puis un jour, Jim, adulte, débarque sans prévenir chez Aymeric, qui vit désormais, heureux, avec Olivia (Sara Giraudeau). Et les Larrieu de nous concocter, avec leur talent de mise en scène reconnu, des retrouvailles pudiques, donc déchirantes (comme dans Un homme, un vrai notamment), qui vont tourner à l’affrontement.
Depuis leur tout premier film, très injustement oublié comme s’il n’avait jamais existé, Fin d’été, en 1999, la question de la paternité revient régulièrement dans le cinéma romanesque des Larrieu, si original dans le cinéma français, comme un caillou dans la chaussure qui disparaîtrait parfois, puis reviendrait avec entêtement. Ici, il n’y a pas de doute sur l’identité du père ni sur sa fonction. Mais plutôt sur le temps qui passe, les êtres qui se perdent et se retrouvent, la tristesse de la vie et l’obstination à continuer, coûte que coûte. C’est un très beau film.
Le Roman de Jim d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, avec Karim Leklou et Laetitia Dosch. À Cannes Première. En salles le 14 août 2024.
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