La révélation d’une artiste hors norme qui captive en neuf titres et à peine plus de vingt minutes fascinantes.
Qu’est-ce qu’un événement en pop ? He Is on His Way Home, We Don’t Live Together, le morceau d’ouverture de l’album inaugural d’Anastasia Coope, apporte un élément de réponse : le surgissement soudain de la guitare électrique, après l’entêtante litanie vocale, fait littéralement événement. C’est que l’artiste new-yorkaise est sûre de ses effets – des effets qu’elle ménage (album court, arrangements clairsemés) mais dont elle joue subtilement pour délivrer leur plein potentiel.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
À la fois modeste et incantatoire (What Doesn’t Work What Does, comme une chorale solitaire), l’art de Coope suscite un émerveillement proche de celui qui nous a saisi·es à la découverte du Acquainted with Night (2021) de Lael Neale – et alignement des étoiles, Anastasia est en tournée américaine avec cette dernière. Comme cette dernière, elle dépouille son folk de tout gras, n’en retient qu’une ossature fragile sur laquelle elle échafaude de stupéfiantes miniatures.
L’apparition d’une magnifique singularité
En neuf titres et vingt-deux minutes seulement, les sources d’étonnement abondent : Woke Up and No Feet et son swing au ralenti, Sounds of a Giddy Woman à l’ensorcellement björkien et un Women’s Role in War comme venu du fond des âges. Si bien qu’au fur et à mesure, Darning Woman, en douce et sans prévenir, nous devient terriblement indispensable : au terme du libérateur Return to Room, on ne souhaite qu’une chose, reprendre le cycle au début. Reprenons donc : un événement en pop, c’est d’abord l’apparition de magnifiques singularités comme Anastasia Coope.
Darning Woman (Jagjaguwar/Modulor). Sortie le 31 mai.
{"type":"Banniere-Basse"}