Un Anglais compose en péplum la BO d’un best-seller d’horreur. Critique et écoute.
Vous ne connaissez peut-être pas le nom pénible de The Real Tuesday Weld. Mais vous connaissez sans doute leurs chansons : éparpillées dans des BO ou des publicités, elles possèdent cette évidence, cette familiarité immédiate qui condamnent à dégainer l’iPhone et Shazam pour savoir qui de The Divine Comedy ou de Pulp a composé ce tube patent.
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Cette pop imposante (on pense à Last Words), imaginée par un jeune Anglais aux ambitions mégalos, devient, dans Nick & Norah’s Infinite Playlist (Une nuit à New York, avec Michael Cera, 2009), l’une des héroïnes du film, lui imposant sa nostalgie, son entrain aussi. Logique, donc, de retrouver ce disciple de Scott Walker et Jarvis Cocker, qui a nommé son groupe en hommage à une actrice, aux manettes d’une BO démesurée.
Pas celle d’un film, ce serait trop commun, mais du roman best-seller de Glen Duncan, épopée d’un loup-garou romantique et destroy. La tête pensante et dérangée de ce faux groupe, Stephen Coates, a donc investi un cabaret suintant, freak-show où se bousculent des fantômes claudiquants, de Tom Waits à Django Reinhardt, de Brecht à Nina Simone.
Car si Londres reste, une fois encore, le décor fantasmagorique de ces chansons, on est loin ici de sa pop de chambre avec vue sur le pavé luisant et les petites vies. Parade monstrueuse, souvent inconfortable, cette BO aux humeurs et odeurs fortes passe ainsi sans répit des huis clos raffinés, apaisés, aux scènes de rues vociférantes, gouailleuses. L’écouter en lisant le livre peut provoquer l’effet kiss pas cool : deux cauchemars pour le prix d’un.
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