Après quelques pérégrinations à plusieurs, tendance rock psyché au sein de la bande Moonsters, ou plutôt pop en duo avec Lou Lesage et Soleil Bleu, Arthur Fu Bandini poursuit son rite poétique, cette fois en solitaire. Avant de fouler la scène de La Boule Noire pour les Inrocks Super Club le 29 mai, et un single en juin, le musicien revient sur son parcours et ses rencontres.
Tout a commencé par un constat assez évident, mais qui refait néanmoins surface régulièrement chez tous les néophytes de la course à pied ou autre : parfois, avoir un bon cardio, ça peut aider. Ce même cardio qui aurait été bien utile pour avaler en deuxième vitesse les sept étages, séparant le rez-de-chaussée du toit de cet immeuble du Xe arrondissement parisien, non loin du canal Saint-Martin. “Pendant le confinement, il y avait un type qui faisait ses tractions à sa fenêtre devant nous”, raconte Arthur Jacquin, tout en pointant l’immeuble voisin.
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Tout là-haut, une vue imprenable sur le voisinage donc, et un bon ratio de quelques beaux monuments de Paris. C’est ici que le musicien passe la moitié de son temps. L’autre moitié est, elle, consacrée à son studio, situé sur l’île Saint-Denis, où il se rend pour avancer sur des maquettes, des démos, ou pour enregistrer des batteries. “C’est mon spot”, raconte-t-il. Plus encore, l’arrivée de ce studio a été comme un déclic : “j’ai senti que c’était le moment de se recentrer, de réécrire, de me réengager dans l’écriture, seul, et d’aller un peu au bout de moi, pour pouvoir partager des premiers morceaux en solo”.
Après de premières épopées musicales, sous rock psyché chanté en anglais avec les Underground Breeds – devenus Moonsters par la suite –, qu’il forme dès ses 15 ans “pour jouer (s)es morceaux en live”, ou tout en sensualité avec le duo Soleil Bleu, qu’il incarne avec sa compagne Lou Lesage, Arthur Fu Bandini dessine désormais sa carrière en solo. Nouvelle trajectoire amorcée par un premier single rédempteur, L’Être à vous, sorti l’an dernier.
“La musique a été comme une évidence”
Au cours de l’échange, la notion de “besoin” revient constamment, tout comme “l’engagement” et “la nécessité”, qu’Arthur Fu Bandini utilise pour décrire le rapport à la musique qu’il entretien depuis sa jeunesse. Fils d’un père musicien, chanteur dans les années 1970-1980, puis auteur d’opéras rock et de projets plus électroniques, Arthur fait très vite sa première rencontre avec la musique.
“À la maison, il jouait tout le temps, se souvient-il. J’ai des vidéos de moi à 2 ans, où il me met des shakers dans les mains, j’étais vraiment dedans.” Après des premiers pas en passant par les percussions, et un passage particulièrement frustrant avec un professeur de batterie – “j’ai pas du tout apprécié le premier cours, je pouvais même pas toucher à la batterie, donc j’ai dis non” –, Arthur se met à la guitare, puis à écrire et à composer, le tout “de façon naturelle”.
En rebroussant le chemin de sa carrière musicale, l’artiste conclut : “la musique a été comme une évidence”. Cette même évidence qui le pousse à vouloir faire des études d’ingé son, pour finalement poursuivre son Bac S vers une licence de cinéma, l’un de ses autres terrains de prédilection. “Pour les clips, j’aime bien aller chercher des références dans le cinéma ou dans l’art en général, des trucs qui me touchent et qui vont pouvoir prolonger un peu le discours ou la vision qu’il peut y avoir, sans que ce soit littéral non plus. Pour mon premier clip, en discutant avec Jf (Julian) & Ami (Colberg), les réalisateurs, l’idée c’était vraiment le surréalisme, beaucoup Dora Maar.”
Un rite poétique
Rapidement est venue la question de l’écriture, là aussi pensée comme un besoin, une hygiène de vie pour Arthur Fu Bandini. “Je ressens le besoin d’être engagé un peu quotidiennement là-dedans. C’est un tout en fait. C’est total”, assure-t-il. Là encore, le musicien se souvient bien de sa première rencontre poétique.
“C’était un soir de Noël, j’avais 16 ans , comme un moment fulgurant”, poursuit-il. C’est là, selon lui, que son point de vue a changé, devenant “un peu comme étranger à tout. Ce soir là, j’ai eu en cadeau des recueils de poèmes de Tardieu, Michot et Artaud. Et je me suis mis directement dedans, toute la nuit. J’étais dans cet état où je soulignais tout. Et donc c’est là qu’il y a eu un vrai échange, et que ça a été un appui total. Avant je lisais de la poésie, mais l’approche était différente, il y avait quand même une sensibilité. Mais là, c’est tombé dans l’absurde, comme retrouver une espèce de nouvelle étrangeté par rapport aux choses, à tout ce qui nous entoure.” Premier émoi poétique, devenu depuis un véritable guide dans son travail d’écriture en tant qu’artiste.
Un don qui se partage
En duo avec sa compagne Lou Lesage et Soleil Bleu, ou en solo en tant qu’Arthur Fu Bandini, l’écriture a “toujours été un besoin, avec des approches introspectives, en fonction de ce que l’on traverse, des choses très intimes”. Dans sa quête de sens, Arthur aime “chercher des rapprochements de mots, et essayer de dire un maximum de choses avec des petites phrases, trouver des associations qui peuvent en faire ressurgir d’autres choses, et ouvrir l’imaginaire”.
Parmi ses influences, aussi bien dans le texte que sur scène, Arthur cite notamment ces groupes anglais, à l’image de Fat White Family, forts d’un engagement social, qui dépeignent les choses de la vie quotidienne, les travers de la société. “C’est un peu une cathartique, un exutoire aussi. Et je pense que c’est en le faisant sur scène, en pouvant le partager avec les autres que ça prend sens.”
Après une première date “très intimiste”, début 2023, à l’Hydropathe – un bar rue Caulaincourt, dans le XVIIIe – devant ses proches, “pour prendre une première température”, Arthur Fu Bandini va se confronter au public des Inrocks Super Club, à la Boule Noire, le 29 mai.
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