Enfermés dans leur tout nouveau studio,
les Parisiens de Stuck In The Sound
ont enregistré un troisième album riche
et orchestré : au milieu des guitares,
les ballades : critique et écoute.
Interrogé au moment de la parution de Leisure, le premier disque de Blur, Damon Albarn avait demandé à la presse de ne pas juger son groupe immédiatement et de bien vouloir attendre le troisième album. José Reis Fontao, dit JRF, envisageait les choses de la même façon au moment d’enregistrer les premiers titres de son groupe Stuck In The Sound. Le moment est arrivé pour les Français : le groupe publie son troisième album, intitulé Pursuit, ce mois-ci et en profite pour fêter ses 10 ans.
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Une décennie que les quatre camarades sont parvenus à traverser avec fougue et enthousiasme, sans buter sur l’écueil de la précipitation. Si les concerts de Stuck In The Sound sont connus pour leur énergie, la carrière du groupe semble se dérouler sans fureur, avec intelligence et lucidité. “On est très heureux de pouvoir avancer à notre rythme, confie JRF lorsque l’on rencontre le groupe dans un café parisien. Le risque, c’était de se reposer sur le succès de ToyBoy. On redoutait le feu de paille, alors on a travaillé progressivement. On aurait pu faire plus d’albums, mais on accorde énormément d’importance au live. Pour chaque disque, on passe deux ans sur la route.”
C’est bel et bien sur scène que Stuck In The Sound a affûté ses guitares et trouvé sa patte. “Ça a commencé dès le premier concert du groupe, dans une cave avec des punk shootés à l’héro (rires)… La scène, pourtant, ça n’était pas naturel au départ. En dehors du groupe, on était du genre à ne pas oser prendre la parole en public. On a eu besoin du collectif pour prendre confiance.” Cette confiance, que l’on devinait dans les premières crépitations rock de Nevermind the Living Dead, avait explosé il y a trois ans sur l’impressionnant Shoegazing Kids.
En confiant la réalisation du disque à Nick Sansano, producteur fidèle de Sonic Youth, le groupe confirmait alors sa filiation avec une belle famille d’artistes rock américains : Pixies, At The Drive-In… Guère surprenant quand on se souvient que les Français s’étaient aussi payé le luxe de figurer au tracklisting du jeu Guitar Hero World Tour, aux côtés de mastodontes rock comme Metallica ou Nirvana. “On a toujours bénéficié d’un vrai réseau de soutien en France, donc on ne va pas commencer à dire que l’on ne se sent pas à notre place ici. Ceci étant, il est évident que nos références sont anglo-saxonnes, et que nous n’aurions peut-être pas mis dix ans à arriver où nous sommes aujourd’hui si on venait des Etats-Unis ou d’Angleterre.”
C’est dans le nouveau studio du groupe, construit dans une cave de Montreuil, que s’est façonné Pursuit. Pas de producteur étranger cette fois, pas de concept ou de ligne directrice. “La seule consigne était de ne rien se refuser. Shoegazing Kids reposait sur un concept. On avait voulu l’enregistrer vite, retrouver un son brut proche du live. Cette fois, on a eu envie d’aller vers un album plus produit, permettre à chaque titre d’avoir sa force, sa singularité.”
Résultat, Pursuit a donné lieu à des sessions studio interminables et provoqué, chez le groupe, de vraies douleurs physiques, parmi lesquelles il cite des blocages du canal carpien et des compressions testiculaires. Surtout, le disque rompt avec la spontanéité sauvage de ses prédécesseurs, s’offrant des arrangements improbables (September et son refrain sur lequel plane l’ombre de Michael Jackson), s’autorisant des ballades inattendues (Tender, Silent and Sweet).
Et ressuscite, tout de même, la vieille recette rock de ses débuts, enchaînant au moins trois petits tubes imparables (Brother, Bandruptcy et Fred Mercure). “Le principal défi est de ne pas perdre la fraîcheur des débuts. Mais on est adultes et on a aujourd’hui un univers musical plus large qu’au départ. Il y a des ballades que l’on n’aurait pas su faire dans nos disques précédents… On était forts dans l’énergie et on n’assumait pas trop la subtilité.” Parklife, avec le succès que l’on sait, donna plus que raison à Damon Albarn. Souhaitons la même chose aux Français.
Concert : le 22 mars à Paris (Cigale)
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