La 14ème édition du festival francilien s’est partagée entre fadeur, grâce et sueur.
Rock en Seine est l’un des festivals les plus attendus de France, et celui dont tout le monde parle (en mal ou en bien) à l’approche de la rentrée. Preuve en est : certains journalistes emploient même une ou deux heures de leur temps à rédiger un article qui énumère les raisons de ne pas s’y rendre. On a donc voulu aller sur place, pour vérifier si le jeu en valait toujours vraiment la chandelle. Et, comme souvent, le résultat s’est soldé par un vague et habituel « ça dépend ». Une fois n’est pas coutume : à contre-courant du négativisme, on a choisi de se tourner vers les meilleurs concerts de cette édition plutôt que vers les pires.
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Rendez-vous, la première claque
La France entière ayant eu les yeux rivés sur la météo cette semaine, il parait inutile de mettre l’accent sur la chaleur régnant dans le Parc de St Cloud tout au long du festival. Comme tout le monde, on est donc arrivés en sueur vendredi en ratant Slaves de peu pour cause de RER bondé. Le Brian Jonestown Massacre, porté par un Anton Newcombe fringuant, se charge donc d’ouvrir notre Rock en Seine. Le concert, bien que plutôt bien exécuté et maîtrisé, ne sera pas à graver dans les annales malgré la qualité des morceaux et la bonne attitude du groupe. Après quelques errances bièreuses, la première véritable claque aura lieu tardivement, aux alentours de 22h. Nous sommes alors vers la scène Ile de France, un tout petit rectangle entouré de toutes petites enceintes, diffusant donc un tout petit son. Et Rendez-Vous entre sur scène. Si les Parisiens ne profitent pas de la meilleure scène, ils démontrent une fois de plus leur potentiel en enchaînant des mini-tubes à la violence désinhibée, tels que The Others ou Distance. Aucun doute : si la fameuse attitude rock, notion surannée s’il en est, se trouvait quelque part ce vendredi, c’était bien-là. L’un d’eux boit du Jack Daniels à la bouteille, se foutant totalement de paraitre cliché et les chansons sont tout bonnement excellentes, sans exception. Les pogos déchirent la maigre foule qui se presse devant la scène. On sort donc suants et souriants de ce concert, avant de nous jeter sur les Last Shadow Puppets.
Impossible de ne pas succomber aux Last Shadow Puppets
Comme on pouvait s’y attendre, les deux lascars nous offrent de vrais moments de grâce et leur alchimie semble miraculeusement sauvegardée. Soutenue par quatre musiciennes classiques, l’orchestration est magnifique. Miles Kane et Alex Turner tournent ensemble autour du micro et irradient de charisme : l’un est vénéneux et survolté, l’autre, cooner et désabusé. Tous deux exécutent leurs chansons à la perfection, constamment partagées entre rock brutal et ballades lacrymales. Le concert se termine au bout d’une heure et demie sur une reprise de Moonage Daydream de Bowie et confirme une certitude : il est impossible de ne pas aimer ce groupe.
https://www.youtube.com/watch?v=4UKK3CzxtP8
Massive Attack fume Sarko et les anti-burkini
Le samedi se voit pavé de prestations anecdotiques, si l’on excepte le désormais consacré diptyque Grand Blanc / La Femme. Mais comme la veille, le soir offre à Rock en Seine ses lauriers ; avec Sigur Ros, d’abord. Le trio oscille entre plages ambiantes et décharges distordues, empreintes de la beauté des paysages islandais. L’ensemble de la foule se retrouve subjugué par cette prestation sublime et soulignée par de superbes visuels. Même avec la pire volonté du monde, il parait impossible, ici, d’éviter les mélioratifs.
A part ça, Massive Attack nous gratifie de la présence de l’imposant Tricky et des membres de Young Fathers. La formation de Bristol aveugle les spectateurs à grands renforts de visuels binaires et de sons trafiqués. Rendant hommage aux victimes de Charlie Hebdo, critiquant Sarkozy et les prises de position radicales sur le burkini, le groupe se pose une fois de plus comme une entité aussi politique que musicale, et ravit les nombreux porteurs de drapeau estampillés PCF ou Edward Snowden.
Un dimanche décevant
Peu de musiciens trouvent grâce à nos yeux le dimanche. Si les touaregs d’Imarhan nous emmènent très très loin avec leurs guitares pleines d’arabesques et que Maestro, en dépit d’une forte proximité avec Future Island, tirent leur épingle du jeu, peu de groupes se révèlent inoubliables. A l’exception d’un artiste. Il y a des gars qu’on ne peut s’empêcher de respecter et d’admirer, en dépit de leur ridicule. Iggy Pop en fait résolument partie. Après avoir fêté ses 69 ans cette année, l’Iguane apparait effectivement sur scène dans son costume habituel ; soit torse nu, cheveux longs (et pas très propres) et pantalon ultra serré. Mais dès que l’homme s’empare du micro, c’est l’explosion. Le chanteur, sautillant et gesticulant, offre au public survolté un best-of de ses meilleurs titres, Lust For Life, The Passenger et Nightclubbing en tête. Pas de Josh Homme ou de Matt Helders à ses côtés, mais quatre musiciens aussi fiers qu’heureux de jouer aux cotés d’une telle légende. En tout et pour tout, Iggy Pop n’aura fait absolument aucun pas de travers pendant plus d’une heure de live. Et démontré au public venu en masse qu’il était bien loin d’être une légende morte.
https://www.youtube.com/watch?v=SRFqIGb4xv4
Un très chouette live de Foals clôture cette édition de Rock en Seine, et Spanish Sahara résonne dans les oreilles des spectateurs, tandis que chacun se jette pour retrouver la fraîcheur relative d’un dernier métro bondé.
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