La fin de “Curb Your Enthusiasm”, légendaire comédie du cocréateur de “Seinfeld”, conclut un quasi quart de siècle d’absurdités et de burlesque malpoli. Toujours indispensable.
La première fois que le visage de Larry David est apparu à l’écran dans Curb Your Enthusiasm (également connu en France sous le titre Larry et son nombril), nous étions en l’an 2000. Vingt-quatre ans plus tard, son personnage d’échalas en conflit avec la terre entière – une version de lui-même qu’il interprète depuis le début – a fini par débarrasser le plancher, avec style.
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Dans une scène signature de l’ultime épisode de la série, diffusé ce dimanche 7 avril, une mère lui demande de l’aide pour rectifier le comportement de son jeune fils, qui vient de balancer son ballon en plastique dans le visage de Larry. Selon elle, son fils doit s’excuser et retenir la leçon. Larry David s’avance vers eux et déclame, plein de joie : “J’ai 76 ans, et je n’ai jamais retenu la moindre leçon de toute ma vie !”
La fin d’une série intemporelle
Que dire de plus beau ? Probablement rien. Le finale de Curb Your Enthusiasm, rempli d’élan et de joie, a contré la loi du genre, qui voudrait que la mélancolie du temps passé règne quand arrive le carton de fin d’une série au long cours. Ici, “LD”, comme l’appellent ses intimes, organise carrément le procès de son personnage, mais dans la bonne humeur. Larry David est accusé d’avoir enfreint une loi absurde de l’État de Géorgie, qui interdit de donner de l’eau à une personne pendant qu’elle fait la queue pour aller voter.
Afin de dresser un portrait à charge de l’accusé, le ministère public a l’idée de convoquer une partie des gens avec lesquels il a été en bisbille durant toutes ces années : le patron du club de golf où le millionnaire a ses habitudes (Larry David a d’abord été le cocréateur et scénariste majeur de Seinfeld entre 1989 et 1998), une femme persuadée qu’il a uriné sur son tableau représentant Jésus, ou encore le célèbre Mocha Joe, son pire ennemi dans la période où, pour sortir de son oisiveté et puisqu’il trouvait ses breuvages mauvais, il avait décidé d’ouvrir un café juste à côté du sien.
Un véritable chef-d’œuvre
On conseille de voir illico cet épisode chef-d’œuvre, qui place définitivement la série au firmament de l’histoire de la comédie télé, avec, pour couronner le tout, une référence directe à la fin de Seinfeld, très critiquée en son temps. Le travelling arrière conclusif trouve ici une suite, un contrechamp. Jouissant d’une liberté créative unique, Larry David a donc obtenu le privilège rare de rejouer ce qu’il avait déjà joué et de réécrire l’histoire, comme pour exorciser l’idée que les années porteraient avec elles le poids de la mort qui rôde.
Dans le contexte actuel des séries, à la fois riche par sa diversité et parfois plus pauvre par ses propositions artistiques, Curb Your Enthusiasm a tenu jusqu’au bout sa ligne. Sans compromis. Si David a longtemps été associé à la lutte contre ce qu’on appelait auparavant le “politiquement correct”, on peut affirmer aujourd’hui qu’il n’aura fait que l’éloge éternel des clowns. C’était souvent fou, très très souvent drôle, certainement irremplaçable. Et si on recommençait depuis le début, en regardant les 9 saisons de Seinfeld (disponibles sur Netflix), avant de recroquer dans Curb Your Enthusiasm et ses 12 saisons ?
Curb Your Enthusiasm, sur le Pass Warner via Prime Video.
Édito initialement paru dans la newsletter Cinéma du 10 avril. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !
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