Après “Immaculée” il y a quelques semaines, “La Malédiction : L’Origine” investit de nouveau le sous-genre de la “nunsploitation” et met en scène une héroïne se retrouvant enceinte contre son gré. Mais avec ses jumpscares prévisibles, ce préquel de la franchise horrifique initiée par Richard Donner en 1976 est un peu trop conventionnel.
Hasard calendaire ou tendance de fond ? À trois semaines d’intervalle seront sortis deux films d’horreur curieusement voisins, filant, consciemment ou non, la même métaphore. Après Immaculée, honnête série B de Micheal Mohan dans laquelle Sydney Sweeney incarnait une religieuse américaine prise au piège d’un couvent italien parfaitement diabolique, place à La Malédiction : L’Origine.
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Dans ce préquel de la franchise horrifique La Malédiction (initiée en 1976 par Richard Donner), une jeune religieuse anglaise (Nell Tiger Free, vue dans Servant) est envoyée à Rome en qualité de nonne et se retrouve au cœur d’une sinistre conspiration, ici encore parfaitement diabolique.
Deux films qui investissent certes le sous-genre très codifié de la nunsploitation, mais qui ont plus en commun que ce simple lignage bis. Car chacun à leur manière (plus ou moins souterraine), ils abordent la question de l’avortement par le prisme de l’horreur, et font de grossesses non souhaitées et, par extension, de la liberté des femmes à disposer de leur corps et de leur fertilité une expérience horrifique éprouvante, à la terminaison dosée en hémoglobine.
Des femmes qui veulent disposer de leur corps
Immaculée conception fallacieusement orchestrée par des curetons reconvertis laborantins fous dans Immaculée, ou fruit d’expérimentations pas moins détraquées dans La Malédiction, visant à donner naissance à l’Antéchrist, les deux héroïnes se retrouvent enceintes contre leur gré, portant en elles une abomination semée par des fanatiques pour lesquels elles ne sont qu’un corps.
Au gré de scènes finales sensiblement dissemblables mais toutes deux très pro-choice, les deux longs mettent en scène un avortement symbolique (très frontal dans Immaculée, plus suggéré dans La Malédiction), qui solde le chemin de croix de femmes cherchant à disposer librement de leur corps.
Dans l’air du temps
Passé cette juxtaposition, qui réinsuffle au cinéma d’horreur sa charge subversive et politique, La Malédiction : L’Origine parvient assez habilement à déjouer le piège de la muséification qui guette ordinairement les suites tardives (en l’occurrence, ici, un préquel) de classiques du cinéma d’épouvante (cf. le désastreux L’Exorciste : Dévotion, sorti l’an dernier), et évite le simple hommage servile au film de 1976.
Hélas, son intérêt tient surtout à la parabole exprimée plus haut, tant le reste du film s’avère convenu, empilant sans véritable conviction visions horrifiques ressassées et jumpscares tristement prévisibles. On préférera retenir son versant parabolique, visiblement dans l’air du temps, à l’heure où l’accès à l’avortement a été sévérement restreint, voire est devenu illégal, dans une vingtaine d’États américains.
La Malédiction : L’Origine, d’Arkasha Stevenson, avec Nell Tiger Free, Bill Nighy, Sônia Braga. En salle le 10 avril.
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