Dans une tribune publiée dans “Libération” et à l’initiative de la SRF, des dizaines de professionnels du cinéma français, parmi lesquels Arthur Harari, Jeanne Balibar ou encore Mati Diop, se mobilisent pour soutenir l’une des cinématographies les plus inventives au monde, mise en danger par la politique du président argentin Javier Milei.
Dans une tribune publiée le 4 avril sur le site (et à l’initiative) de la Société des réalisateur·ices de films (SRF) mais aussi dans Libération, un collectif de professionnels du cinéma français, dont Jeanne Balibar, Charles Tesson, Mati Diop ou encore Arthur Harari a décidé de donner de la voix pour défendre le cinéma argentin, actuellement “au bord du précipice”. “Nous, cinéastes, acteurs, actrices et professionnels du cinéma, tenons à dire à toutes les personnes qui font vivre le cinéma argentin et qui s’opposent aux mesures liberticides du gouvernement Milei que nous nous tenons fermement à leur côté et que nous réaffirmons notre attachement à une Argentine inspirante, libre et créatrice”, écrivent notamment les dizaines signataires de ce texte intitulé “Ne laissons pas Javier Milei détruire le cinéma argentin”.
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Les différentes mesures politiques dédiées au secteur culturel du président argentin, élu en fin d’année 2023, sont en effet effrayantes. Le cinéma argentin, qui voit émerger depuis plus de 20 ans le stimulant collectif de cinéastes “El Pampero Cine” – qui s’impose, par sa liberté narrative et formelle totale, comme une véritable révolution dans la manière de penser la création cinématographique –, fonce droit dans le mur.
Coupes budgétaires et licenciements
Outre la suppression des financements attribués à l’École Nationale d’Expérimentation et de Réalisation Cinématographique (ENERC) et la suppression des festivals de Mar del Plata et Ventana, une des dispositions du vaste train de réformes menées en Argentine, dite “loi omnibus”, vise une refonte drastique du financement de l’Institut National du Cinéma et des Arts audiovisuels (INCAA). Celui-ci, qui subit actuellement de grosses coupes budgétaires et un plan de licenciements, fonctionne sur le même principe que le CNC français (financement via des taxes sur les entrées de cinéma et les recettes des radios et des télévisions).
Cette politique, qui ne cesse de précariser la production cinématographique, contraint nombre de cinéastes argentins à contourner cette problématique du financement. Soit par l’appui de coproductions étrangères – comme l’indiquait récemment Lisandro Alonso dans nos pages -, soit en se passant directement de ces financements étatiques avec des moyens aussi réduits que possibles, comme l’expérimente le collectif “El Pampero Cine”. Une contrainte qui ne semble pas brider l’inventivité éblouissante de ces cinéastes.
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