Sorti en 2001, le long-métrage raconte l’idylle entre deux hommes au cœur d’une Chine en pleine mutation, dans les années 1980. Il ressort le 10 avril en version restaurée 4K dans le cadre d’une rétrospective de quatre films dédiée au cinéaste hongkongais : “Le romantisme made in Hong Kong.”
“Je n’ai cessé de penser à toi”, confie dès l’ouverture le protagoniste de Lan Yu (2001). En 1989, Chen Handong est le fils d’une famille aisée à qui tout réussit. Cachant son homosexualité, il rencontre régulièrement des garçons de passe. Parmi eux, Lan Yu, étudiant en architecture ayant grandi en province, qui envisage de se prostituer. Malgré les disparités sociales et économiques qui les opposent, Lan et Chen s’engagent dans une relation passionnée qui se heurte aussi au contexte socio-politique, marqué par les manifestations de la place Tian’anmen et l’apparition du Sida à la fin des années 1980.
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Bien que méconnu en France, Stanley Kwan figure dès les années 1980-1990, aux côtés de Fruit Chan et de Wong Kar-wai, parmi les cinéastes de la Nouvelle Vague hongkongaise. Après s’être fait remarquer par la critique avec Amours déchus (1986), le réalisateur rencontre son public avec son histoire d’amour fantôme, Rouge (1987). S’ensuit une rapide reconnaissance à l’international grâce à Center Stage (1991), qui dresse le portrait de Ruan Lingyu, icône du cinéma muet des années 20, interprétée par une autre icône, Maggie Cheung (Ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinale pour ce rôle). À noter qu’en plus de Lan Yu, la rétrospective programme également ces trois films.
Regard contemporain
En 2000, Stanley Kwan prolonge son élan sentimental en s’attelant à la réalisation de Lan Yu, pour lequel il s’inspire d’un roman anonyme publié sur Internet. En raison de l’homosexualité des personnages, le cinéaste est contraint de tourner à Pékin, sans autorisation officielle. En situant cette histoire dans les turbulences politiques des années 1980 et en mettant en scène deux hommes amoureux, Stanley Kwan impose un regard contemporain sur une génération violentée par son époque. Si l’histoire se corrèle inéluctablement à son contexte, Lan Yu se révèle surtout par le portrait de ce couple qui se fait puis se défait pour mieux se retrouver plus tard.
À travers cette romance, il capte avec justesse toutes les fluctuations amoureuses qui animent ces deux hommes. Par une mise en scène à la fois âpre et délicate, le réalisateur s’applique dans la description minutieuse du désordre amoureux où se confondent le désir et la mélancolie. Le film se distingue alors par ce ton mélodramatique qui formule autant l’envie d’être ensemble que l’impossibilité de l’être. En témoigne une dispute durant laquelle le montage s’escamote de brefs souvenirs du couple par des images en noir et blanc. L’intensité de cette passion se mesure in fine dans le délitement de cette histoire, mais les sentiments qu’ils portent l’un pour l’autre semblent toujours tapis quelque part.
Avec Lan Yu, Stanley Kwan signe un film charnel et poétique où la beauté se loge dans le surgissement de la tendresse au sein de ce couple qui, malgré les tumultes politiques et sociaux de la Chine post-Mao, ne cesseront de s’aimer.
Lan Yu, de Stanley Kwan, à (re)voir en salle en version restaurée 4K à partir du 10 avril dans le cadre de la rétrospective Le romantisme made in Hong Kong de Carlotta films. Également au programme : Amours déchus, Rouge et Center Stage.
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