Considéré comme un phénomène en Corée du Sud, malgré son relatif échec au box-office, le blockbuster de Choi Dong-hoon, déjà disponible en VOD, débarque dans les salles françaises pour le week-end de Pâques. Et on ne comprend pas vraiment pourquoi.
D’un bon gros nanar nigaud et charmant, Alienoid a le titre. On pense immédiatement à Robotech ou à toute autre licence de S.F. à laquelle on aurait pu jouer sur PlayStation 2 au début du siècle, et avec laquelle Alienoid aurait aisément rivalisé sur le plan visuel. Mais, nous sommes en 2024, et le film a coûté 40 milliards de wons (environ 30 millions de dollars, le plus gros budget de l’histoire du cinéma coréen) – pour rappel, Godzilla : Minus One, Oscar 2024 des meilleurs effets spéciaux, en a coûté deux fois moins. L’ambition d’une telle entreprise n’était donc pas d’accoucher d’un nanar, mais d’une œuvre autrement plus ambitieuse, et c’est là tout le problème.
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Gloubi-boulga
Depuis des siècles, des aliens – au sens le plus essentiel du terme, ces derniers n’étant jamais vraiment caractérisés – envoient leurs prisonnier·ères sur Terre en les enfermant dans des corps humains, dont ils prennent possession comme des parasites. Créé pour les affronter, un robot gardien du futur voyage entre les époques et les traque sans relâche, jusqu’à ce qu’une offensive alien sur Séoul lui fasse réaliser qu’il ne peut réussir seul. Parallèlement à sa mission, dans la Corée du XIVe siècle, une élue recherche l’alien originel.
Gloubi-boulga spatio-temporel boulimique et hyperactif, Alienoid ne peut être résumé autrement que par son synopsis officiel. Son postulat de science-fiction faisant s’entremêler les époques et les genres – de la fresque kung-fu à la comédie à sketch en passant par le film d’invasion extraterrestre – est bien plus destructeur que créateur : aucun évènement, personnage, artefact, ou situation ne semble jamais atteindre le statut d’enjeu. À l’instar des pires épisodes du Marvel Cinematic Universe, le film de Choi Dong-hoon n’envisage la fin du monde que par le biais du bouffon, le gag l’emportant sur toute exposition, et le quiproquo sur tout dialogue. Un verni grand-guignolesque sur un récit kitsch au visuel de fanfiction qui, hélas, ne suffit pas à faire d’Alienoid un nanar, la faute, paradoxalement, à un cruel manque d’autodérision de l’ensemble vis-à-vis de ses évidentes limites. Le film a été fait beaucoup trop sérieusement pour ne pas se prendre au sérieux.
Alienoid – Les Protecteurs du futur, de Choi Dong-hoon, avec Ryu Jun-yeol, Kim Tae-ri, Kim Woo-bin, en salle le 31 mars et le 1er avril.
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