Le musicien parisien, membre du groupe Biche, s’offre une échappée en solitaire sous le nom de Cesar Precio. En attendant la sortie de son premier album, il se produira à La Boule Noire, le 27 mars prochain, sur la scène des Inrocks Super Club.
Fouiller en soi : certain·es le font pour y trouver des réponses, d’autres pour y capter des couleurs parfois insoupçonnées, des reliefs pas encore contemplés. Cesar Precio – Brice Lenoble, de son vrai nom – est de celleux-là. Après “un paquet d’années” à écumer les scènes et composer au sein de Biche, groupe pop psyché aux influences seventies, le musicien a (enfin) laissé place à l’idée qu’il “[avait] en tête depuis longtemps”.
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À savoir, façonner son projet à lui, en s’écartant de l’ornière d’une formation déjà bien rodée. “Avec Biche, l’organisation qu’on a aujourd’hui fait que chacun rentre dans son rôle et occupe sa place. Alexis Fugain, qui a créé le projet, amène beaucoup de compositions, et on arrange ensuite tous ensemble […]. Je sentais que j’avais aussi d’autres choses à dire de mon côté, que je ne pouvais pas forcément exprimer dans Biche”, s’épanche-t-il.
De l’intime au collectif
Il aura fallu un confinement et une échappée en Normandie pour que cette “recherche personnelle” s’avère fructueuse. Armé de sa basse, son piano, et plus de temps que d’habitude, Cesar Precio a “pas mal expérimenté” durant cette période. “La direction s’est trouvée d’elle-même, il y a eu une sorte d’évidence : j’ai trouvé l’axe, ce que je voulais dire, et à partir de là, j’ai trouvé une esthétique qui me correspondait bien, ça a donné l’impulsion”, raconte-t-il. Ainsi ont jailli les dix titres qui composent La suite logique des choses, son premier album à paraître le 27 septembre.
Les différentes mélodies du disque, Cesar Precio les a donc d’abord écrites seul, les figeant sur le papier à musique… avant de les laisser prendre vie en studio, aux côtés d’une trentaine d’artistes trié·es sur le volet. Des sessions d’enregistrement où l’improvisation avait sa place et où ont pu s’exprimer, dès lors, “quelques fulgurances de musiciens”. “Cela a donné un mélange assez intéressant”, se réjouit-il.
Épaulé par le producteur Robin Leduc – lequel a déjà travaillé avec Halo Maud, Juliette Armanet, Julien Gasc… –, Cesar Precio a veillé à polir “un son de groupe assez ample, très organique, et où l’on ressent l’air”, teinté de ses influences à lui. “Gil Scott-Heron, Roberta Flack, Curtis Mayfield… Beaucoup de musiques noires américaines”, détaille-t-il, ne reniant pas pour autant quelques touches pop.
Foisonnement instrumental
Résultat de ce travail d’orfèvre : une myriade de couleurs qui ondulent et se meuvent au gré du tempo – nonchalant, le plus souvent – de ce dialogue instrumental nourri de flûtes, cuivres, guitares, synthétiseurs, ondes Martenot… Une richesse musicale que Brice Lenoble et ses compères – Carol Teillard d’Eyry, Paul Pasmanian, Fred Vidalot, Margot Mayette, Capucine du Pouget, Hanxin Chi et Antoine Philippe – s’apprêtent à déployer face au public. À commencer par celui des Inrocks Super Club à La Boule Noire, à Paris, le 27 mars.
“Sur scène, on ne sera pas trente, mais huit musiciens. […] J’ai quand même envie d’y garder ce côté foisonnant car c’est l’identité du projet, en plus d’un son très délicat, très léger”, explique-t-il. S’il est donc quelque peu contraint d’adapter les morceaux pour le live, Cesar Precio dit garder “l’essentiel” : “On réarrange quelques parties, mais la direction artistique et l’idée première restent intactes.”
Le changement le plus prégnant réside plutôt dans le fait d’investir la “casquette de frontman, d’être la personne qui porte le projet de A à Z”. Voilà qui est tout de suite “plus intimidant” : “C’est beaucoup plus confortable d’être dans un groupe, parce que chacun peut se reposer sur l’un ou l’autre, et en même temps, on sait qu’on fait partie d’un tout”, reconnaît-il. Une nouvelle place que l’artiste occupe avec “de plus en plus de plaisir”, aussi anxiogène soit-elle.
Une pudeur qui ne dit pas son nom
Bien qu’il se montre désormais en solo face au public, il ne fend pas totalement l’armure pour autant. La faute à une forme de pudeur ou une crainte d’être illégitime, le musicien a préféré confier la rédaction des paroles à Nicolas Gary, écrivain et directeur de la publication du média ActuaLitté. “C’est particulier d’écrire des textes, parce qu’il faut savoir garder un détachement, faire attention à ce que ce ne soit pas nombriliste ou autocentré, ce n’est jamais très évident”, avance-t-il, persuadé de ne pas manier les mots avec “assez de fluidité”.
Ensemble, ils ont alors tracé des pistes directrices, tissé un univers de thèmes et d’idées : sites de rencontres 2.0, développement personnel, solitude… Cesar Precio voulait des textes “qui reflètent le monde d’aujourd’hui”, Nicolas Gary l’a fait. Pour les prochains albums, l’artiste n’écarte pas de prendre la plume à son tour. Ne serait-ce pas finalement la suite logique des choses ?
En concert aux Inrocks Super Club à La Boule Noire, Paris, le 27 mars. La billeterie est disponible ici.
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