Visage sculpté, masculin-féminin, présence-absence : sous l’œil de Josef von Sternberg, à qui la Cinémathèque consacre une rétrospective, Marlene s’invente en vamp hollywoodienne.
Maquillage sophistiqué
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Comme elle l’écrit dans ses mémoires, Marlene Dietrich est née deux fois. La première en 1901 sous le ciel berlinois et l’autre en 1930, sous le pinceau laiteux de Josef von Sternberg, qui la révèle à elle-même et au monde avec le rôle de Lola-Lola dans L’Ange bleu.
A partir de là, l’actrice va créer et façonner son image pour devenir l’archétype de la vamp hollywoodienne. Sculpté par un jeu d’ombres et de lumières, son visage sera remodelé puis transfiguré par un maquillage sophistiqué : dents de sagesse arrachées pour creuser les joues et rehausser les pommettes, arcades sourcilières épilées en arc de cercle, teint diaphane, blondeur crantée, lèvres ourlées et trait de crayon blanc sous l’œil (ici dans Shanghaï Express) pour en souligner l’éclat et aimanter son regard tour à tour glacial ou brûlant de passion dévorante.
L’incarnation de la beauté
Des bas fuselant ses cuisses dans L’Ange bleu aux fastueuses toques en fourrure de L’Impératrice rouge, en passant par le smoking dans Morocco ou, ici, la robe moulante piquée d’une voletée de plumes noires, les tenues de Marlene Dietrich, tantôt extravagantes ou d’une élégante sobriété, n’auront cessé d’inspirer les couturiers d’hier et d’aujourd’hui, inventant un nouveau modèle de femme, racée, mystérieuse et purement artificielle. “Je vends du glamour, dit-elle, c’est mon fonds de commerce.”
Glamour, Marlene l’est en toutes circonstances, ulltraféminine dans des robes “seconde-peau”, ou cultivant l’androgynie et l’ambiguïté sexuelle dans un look totalement inédit pour son époque.
Par ses audaces vestimentaires, elle dicte les modes, impose un style de femme fatale et libre, tout en étant prisonnière de l’image de diva qu’elle a créée.
Ecrans
En cinq ans et sept films, von Sternberg va inventer Marlene, révélation érotique par son dévoilement progressif. Son visage étant souvent dissimulé derrière toutes sortes d’écrans, comme s’il fallait différer le moment de son apparition. Voilettes, mantilles et éventails en dentelle (La Femme et le Pantin), tulles de gaze et voile de mariée (L’Impératrice rouge), lourdes vapes de nicotine au cabaret (Blonde Vénus, Morocco), ou – dans tous ses films – volutes de fumée de cigarettes brouillant les contours du visage…
Comme en état de flottement hypnotique, entre présence et absence, la beauté de Dietrich semble d’autant plus magnétique qu’elle tente ainsi d’échapper à notre regard.
rétrospective Josef von Sternberg du 31 août au 2 octobre 2016, Cinémathèque française, Paris XIIe
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