Des Raconteurs à Radiohead, en passant par Gilla Band, voici une poignée de groupes ayant dû, pour un tas de raisons, se résoudre à se renommer.
The Raconteurs
En marge des White Stripes, Jack White monte en 2005 The Raconteurs, un supergroupe fondé à Nashville, la ville d’adoption du pote White, avec des copains musiciens de Détroit : Jack Lawrence, Patrick Keeler (tous deux de la section rythmique des Greenhornes) et Brendan Benson. Naviguant entre blues rock, garage et power pop, la formation, explosive, s’apprête à dominer le monde. En entier ? Pas vraiment, puisqu’en Australie, dans l’État du Queensland, un groupe donnant dans le jazz s’appelle déjà… The Raconteurs. Et celui-ci n’est pas prêt à abandonner son nom. Pour des questions de droits évidentes, la sortie de Broken Boy Soldiers (2006), le premier album du quartet, est repoussée en Australie. Jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée : au lieu de payer la somme astronomique demandée par le band local, Jack White décide de changer le nom du groupe sur le territoire. C’est ainsi que partout dans le monde, The Raconteurs s’appelle The Raconteurs, sauf en Australie où il s’appelle : The Saboteurs. FM
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Gilla Band
Une bande de quatre blancs-becs se pointant sur les scènes sous le nom de Girl Band, voilà qui avait de quoi attirer les suspicions. Raillerie misogyne (on connaît la connotation négative du terme “girls band”, dont grand nombre de groupes féminins sont estampillés à tort et à travers) ou simple appropriation maladroite ? On leur laisse le bénéfice du doute, mais toujours est-il que Daniel Fox et ses compères se sont résolus, en novembre 2021 – soit dix ans après leur formation et deux albums studio au compteur –, à renoncer à leur nom initial, choisi “sans trop de réflexion, par naïveté et ignorance”, reconnaissaient-ils dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. “Merci à ceux qui en ont parlé et qui nous ont sensibilisés, directement ou indirectement”, poursuivaient-ils, ajoutant : “À l’avenir, nous jouerons et sortirons des disques sous le nom de Gilla Band. ‘Gilla’ étant tiré du vieil irlandais.” LL
Sea Power
British Sea Power. Un nom de groupe qui invoquait, certainement malgré lui, le passé impérialiste du Royaume-Uni… Et devenait “contraignant, comme un héritage ancien”, avouaient ses six membres dans un communiqué mis en ligne en août 2021. S’il avait été choisi – 20 ans plus tôt – en référence à la “puissance élémentaire des océans” et à “la Britannia dirigeant les vagues”, le tout dans “une sorte d’humour ironique”, les Anglais·es ont fini par le délester de l’adjectif “british”. Une décision prise “après beaucoup de réflexion et d’introspection”, expliquait le sextet de Brighton, à l’heure où le Brexit entrait en vigueur : “Ces derniers temps, on a assisté à la montée d’un certain type de nationalisme dans le monde – un nationalisme isolationniste et antagoniste avec lequel nous ne voulons courir aucun risque de confusion”, indiquaient les musicien·nes. Et de reconnaître : “Nous avons toujours voulu être un groupe internationaliste, mais peut-être qu’avoir un État-nation spécifique en notre nom n’était peut-être pas la manière la plus intelligente de le démontrer.” Un mea culpa sans doute salutaire. LL
The Chicks
À rebours du conservatisme souvent attribué à la country, elles se sont ralliées aux combats de leur temps. En juin 2020, au beau milieu des manifestations Black Lives Matter, le trio américain Dixie Chicks est devenu The Chicks. En cause : les connotations du terme “Dixie”, utilisé pour qualifier le territoire couvrant les anciens États confédérés américains – lesquels soutenaient l’esclavage. Cette annonce, les trois Texanes l’ont faite en chanson, sans passer par la case un brin formelle du communiqué : March March, titre dont les paroles font justement référence à Black Lives Matter – de même que son clip, où sont notamment inscrits les noms de George Floyd, Breonna Taylor, Ahmaud Arbery, tous·tes tué·es par la police américaine –, est ainsi sorti sous ce nouveau nom. Dans le clip qui l’accompagne, les Chicks ponctuaient d’ailleurs en ces mots : “Use your voice, use your vote.” Un appel dont elles-mêmes ont su se saisir. LL
Radiohead
Les idées les plus simples sont parfois les meilleures. C’est en tout cas ce qu’ont dû se dire Thom Yorke, Ed O’Brien, Phil Selway, ainsi que Jonny et Colin Greenwood, d’abord rassemblés autour du nom On A Friday. À l’aube des années 1990, ce groupe de potes squattait la salle de musique de leur lycée pour y répéter. Et ce, chaque vendredi (tiens, tiens). Jusqu’au mitan de leur cursus universitaire, les cinq Britanniques jouaient au gré de leur emploi du temps d’étudiant, performant par-ci par-là… Jusqu’à rencontrer le producteur de Slowdive, Chris Hufford, lequel les mettra sur la voie du succès. Peu après, ils parviennent à décrocher un contrat de six albums avec le label EMI. Seule contrainte imposée par ce dernier : changer de nom. Fascinés par la chanson éponyme des Talking Heads, ils optent pour Radiohead. LL
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