Dans un premier roman rétrofantasque, Elitza Gueorguieva lie la chute de l’idéologie communiste en Bulgarie à la fin des illusions d’une jeune fille qui se rêve en cosmonaute.
En Bulgarie, dans les années 1980, “tout le monde espérait devenir cosmonaute et s’enfuir dans des galaxies nouvelles, où la dictature communiste n’était pas encore inventée”, raconte Elitza Gueorguieva. Mais à l’âge où son héroïne en jupette découvre la cosmonautique, elle est encore trop jeune pour comprendre le concept de dictature ou la doctrine communiste.
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Si la “petite fille du peuple” veut porter le scaphandre et partir à la conquête de l’espace avec son “indestructible chien Jorki”, c’est d’abord pour ressembler à Iouri Alexeïevitch Gagarine, star des étoiles soviétiques dont elle découvre les exploits sur les films de propagande de son “grand-père communiste émérite”.
Zazie dans l’espace
Loin de la carrière de ballerine ou d’infirmière que l’on propose à ses copines, et plus planante que celle de cantatrice d’opéra prédit par “la voyante Vanga, phénomène national paranormal et référence sûre”, sa vocation spatiale devient alors une mission secrète de la plus haute importance. Jusqu’à la chute du mur de Berlin et la découverte du grunge de Nirvana sur MTV.
Elitza Gueorguieva dit avoir enlevé quelques participes présents et beaucoup de subordonnées avant de rendre son manuscrit. Résultat : un premier roman malicieux à la gouaille fantaisiste. L’auteur, née dans la Bulgarie du “camarade” Todor Jivkov, y confronte les bouleversements intimes de sa narratrice à ceux, historiques, de son pays natal.
Des facéties drolatiques de la gamine turbulente à ses excentricités d’adolescente néopunk, des désillusions socialistes du peuple bulgare à la difficile “transition démocratique” post-URSS, le roman rejoue l’histoire à hauteur d’enfant. A mi-chemin de Zazie dans le métro et de Good Bye Lenin !, ces Cosmonautes… se lisent autant comme la fresque espiègle d’un monde qui se réinvente que comme le roman d’apprentissage farfelu d’une jeune fille qui grandit.
Les cosmonautes ne font que passer (Verticales), 184 p., 16,50 €
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