Votre parcours des galeries à explorer ce mois de mars.
Annette Messager, Laisser aller, à la galerie Marian Goodman jusqu’au 11 mai 2024
“Le ludique permet de dire le vrai”, aime à dire Annette Messager. Sa nouvelle exposition, Laisser aller, s’en veut une traduction sensible et joyeuse. Inspirés de son quotidien, des choses vécues, vues, lues ou entendues, ses dessins forment ce qu’elle appelle des “haïkus visuels”. Comme une façon directe et poétique d’évoquer ce qui la traverse, l’environne, l’amuse. Alors que le dessin comme pratique artistique a pris une place centrale dans son travail depuis une dizaine d’années, l’exposition donne à voir les multiples ressources qu’elle y puise. “Le dessin est pour moi une sorte de vagabondage”, explique Annette Messager, qui n’hésite pas à s’inspirer de la culture populaire, à l’image de son œuvre, Iconic (2023), réalisée à partir de photographies iconiques de personnalités du XXe siècle. L’imaginaire des codes affectifs transpire aussi ici et là, comme dans sa grande installation Laissons aller (2023), ouverte aux étreintes amoureuses. Le dessin comme un jeu de l’amour et du hasard. Avec Annette Messager, on se laisse aller et on est bien.
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Pierre Joseph, De vivants piliers, à Air de Paris, jusqu’au 13 avril 2024
En 2019, participant à l’exposition du Palais de Tokyo, Futur, ancien, fugitif, consacrée à la scène artistique française, Pierre Joseph présentait d’immenses séries photographiques célébrant des éléments comestibles (mûres en pagaille, blé, pommes de terre…), sans humains, avec lesquelles l’artiste disait vouloir “évacuer le moi” et se “déposséder un peu de la question du point de vue”. À la galerie Air de Paris, cette démarche “naturaliste” et méta-“réaliste” se creuse et s’affine avec une nouvelle série de tableaux photographiques d’algues, de fumier ou de roses, qui nous rappellent “les images de stock utilisées dans les allées des supermarchés”, selon les mots d’Emile Rubino dans un texte de présentation de l’exposition. Des images “surchargées par un réalisme qui s’immisce inévitablement dans la photographie en l’absence d’un certain type de prise de décision”.
Valérie Jouve, Du temps, un souffle, à la galerie Xippas jusqu’au 20 avril 2024
Représenter un lien possible entre les humains et les pierres, entre les visages et les écorces d’arbres, suggérer le besoin de reconnexion des êtres au monde vivant ; les nouvelles séries de photographies en noir et blanc de Valérie Jouve abritent les signes d’une cosmologie en action. Réalisées à la chambre, ses images consacrent une magnifique quête anthropologique et poétique : “une fable visuelle magnétique, une ode optique extraite du profond des âges par le portrait des architectures primitives de dolmens, ruines sages à l’ombre de la croissance des arbres centenaires autour desquels des humains cherchent d’ultimes résonances”, selon les mots du commissaire Michel Poivert.
Joël Andrianomearisoa, Things and Something to Remember Before Daylight, à la galerie Almine Rech jusqu’au 17 avril 2024
Néons, sons, tableaux, tapisseries, sculptures, objets usuels : le langage plastique de Joël Andrianomearisoa, animé par le mystère des songes et la matérialité des sentiments, rassemble des éléments hétéroclites que la nouvelle exposition chez Almine Rech, sous le commissariat de Jérôme Sans, consacre avec éclat. En forme de mise à plat de son vocabulaire, l’exposition donne à voir cette diversité des médiums. Son titre même, Things and Something to Remember Before Daylight laisse supposer “un entrelacement de songes, une fois la nuit tombée”, suggère Jérôme Sans. Joël Andrianomearisoa “encourage le spectateur à se perdre dans les méandres de ses tableaux, de ses mots, à rentrer dans les mystères d’un lever du soleil approchant, aux heures suspendues de la nuit quand tout n’est que songe, rêverie et sentimentalité”. L’artiste malgache fait de l’espace d’exposition un labyrinthe secret, un laboratoire formel traduisant la pluralité des sentiments qui traversent son monde.
Daniel Dezeuze, Mesoamerica, cités perdues et derniers refuges, à la galerie Templon jusqu’au 27 avril 2024
Figure centrale du mouvement Supports/surface au début des années 1970, Daniel Dezeuze ne lâche rien et poursuit ses recherches sur la déconstruction du tableau. Il y a cinquante ans déjà, il retournait les châssis contre le mur, jouant du vide et de la tridimensionnalité pour dépasser les limites de la tradition picturale. Par ailleurs, curieux des cultures nomades et extraeuropéennes, il imprègne son travail de pratiques artisanales et d’anthropologie. À la galerie Templon, il expose ici une réflexion inspirée de ses voyages au Mexique et de l’architecture Maya. La simplicité des matériaux choisis – bois, grillages, bouchons – comme la délicatesse de leur combinaison, offrent une réflexion troublante sur les frontières entre l’art et l’artisanat, le sauvage et le policé, mais aussi sur la fragilité des civilisations et de la modernité.
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