Les vingtenaires britanniques en mal de superpouvoirs de la série “Extraordinary” sont de retour pour une deuxième saison toujours aussi drôle, et qui gagne en précision scénaristique…
Vous préféreriez avoir la capacité de voler, de pouvoir devenir invisible, ou bien de remonter le temps ? Dans le monde d’Extraordinary, on ne choisit pas vraiment, mais tout le monde se découvre un superpouvoir à l’âge de 18 ans. Tout le monde sauf Jen, qui, à 25 ans, n’a toujours pas développé de capacité surnaturelle. Elle n’est pourtant pas regardante, et se contenterait aussi bien de vision laser que de la faculté de n’être jamais en retard.
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Car les pouvoirs d’Extraordinary ne sont pas tous dignes des super-héros et super-héroïnes Marvel, et si certain·es se voient doté•es d’une force herculéenne façon Hulk, ou de la capacité de voler tel Superman, d’autres doivent se contenter de facultés moins avantageuses, pas nécessairement utiles, voire carrément contraignantes. Transformer toute chose en PDF, aimanter des animaux marins depuis la terre ferme, déclencher un orgasme dévastateur d’une simple poignée de main, ou voir son anus fonctionner comme une imprimante 3D : la liste des pouvoirs loufoques est longue, au moins autant que le puits à idées semble intarissable.
Un vent de fraîcheur
Débarquée par surprise début 2023, Extraordinary s’est imposée en une petite saison de huit épisodes comme une série coup de cœur, à la fois novatrice et régénérant quelque chose de l’esprit sédentaire et clanique des sitcoms des années 1990-2000, qui, depuis l’avènement des plateformes de streaming, semblaient avoir déserté leurs entrailles algorithmiques. La saison 2, disponible depuis le 7 mars sur Disney +, n’a rien perdu de son allant et de sa tendresse.
On y retrouve Jen, toujours vierge de superpouvoir, mais bien décidée à identifier le blocage qui l’en prive. Jizz Lord, de son côté, continue d’apprivoiser le monde des humain·es après avoir vécu cinq ans dans la peau d’un chat, et se retrouve confronté à sa vie d’avant transformation. Carrie, dont la capacité de communiquer avec les morts lui joue parfois des tours, se remet à sa façon de sa rupture avec Kash, qui doit pour sa part s’accommoder d’un changement troublant : plutôt que de remonter le temps, son pouvoir lui permet désormais de voir l’avenir proche…
Fourmillant d’idées et de trouvailles formelles, la série d’Emma Morran conjugue le ton leste et doucement irrévérencieux d’une sitcom britannique (on y parle sans ambages de cul ou de drogue) à un semblant de parodie super-héroïque, détricotant avec allégresse, et cette incompressible part de désinvolture, les codes du genre. Mais, plus qu’un incubateur de gags malins, le versant fantastique d’Extraordinary épouse à merveille le sujet qui l’occupe véritablement : le difficile passage à l’âge adulte de vingtenaires indécis·es, et les remous existentiels qui chahutent leur quotidien.
Des questions pas si extraordinaires
Comment trouver sa place dans un monde où l’anormal est devenu la norme ? Mieux vaut-il se satisfaire d’une relation confortable, mais dépassionnée, ou repartir à l’aventure ? Trouver un emploi stable est-il nécessairement synonyme d’ennui mortel ? Et puis, au fait, c’est quoi l’amour ? Autant d’interrogations qui travaillent quatre adulescent·es pas toujours bien outillé·es pour l’impitoyable monde des adultes et son lot de responsabilités aliénantes, qu’Extraordinary passe au filtre grossissant d’une fable super-héroïque parfois désopilante, souvent touchante, toujours maline.
Perdant en surprise ce qu’elle gagne en précision d’écriture, jamais avare en idées brillantes, cette deuxième saison creuse la voie à de nouvelles thématiques, comme la fluidité sexuelle ou l’expérience psychanalytique, qu’elle arrime avec ce mélange de drôlerie, d’absurde et de gravité légère (permettez l’oxymore) qui caractérisent Extraordinary.
Extraordinary saison 2, avec Máiréad Tyers, Eros Vlahos, Sofia Oxenham, sur Disney+
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