Le talentueux créateur de « True Detective » et la star Marvel s’associent pour développer une série judiciaire pour HBO. Cette collaboration inattendue autour du remake d’un feuilleton procédural des années 60 a-t-elle le potentiel de consolider l’avenir de la chaîne câblée américaine ?
Le site du magazine américain Variety a révélé que Nic Pizzolatto, tête pensante de la série noire True Detective, et Robert Downey Jr., cœur battant du Marvel Cinematic Universe, se sont associés pour créer ensemble une série pour HBO. Le premier se chargera de l’écriture quand le second incarnera le rôle principal, et les deux hommes partageront le titre de co-producteurs avec Jo Horacek et Susan Downey, épouse et productrice de l’acteur. Si le projet, lancé en mai dernier, n’en est qu’à ses premiers balbutiements, de nombreux indices portent à croire qu’il s’agit d’une suite ou d’un dérivé du feuilleton judiciaire culte des années soixante Perry Mason.
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Adaptée des romans de Erle Stanley Gardner, la série originelle, lancée en 1959 et annulée après neuf saisons malgré un succès public toujours vivace, a posé les règles du drama procédural télévisé. Construite autour de grandes affaires, elle suivait à Los Angeles les efforts de l’avocat idéaliste Perry Mason, de l’enquêteur Paul Drake et de la secrétaire judiciaire Della Street pour rétablir la vérité sur la culpabilité ou l’innocence des accusés face au cynique procureur Hamilton Burger. Cela fait longtemps que Robert Downey Jr. et Susan Downey portent ce projet de remake, qui a connu une phase de développement avortée sous la forme d’un long métrage porté par la Warner.
Les itinéraires mouvementés de deux artistes aux univers opposés
Ce rôle d’avocat brillant et de justicier excentrique signerait le grand retour à la télévision de Robert Downey Jr. après la série comico-judiciaire Ally McBeal, pour laquelle il a remporté en 2001 un Golden Globe de meilleur acteur dans un second rôle. Si l’acteur le mieux payé du monde est aujourd’hui incontournable à Hollywood, le début des années 2000 a fait figure pour lui de traversé du désert sur fond de graves problèmes d’alcool et de drogue. Il a fallu attendre le succès critique de Kiss Kiss Bang Bang de Shane Black en 2005 et la déferlante commerciale des Iron Man, Avengers et de Captain America : Civil War pour installer Robert Downey Jr. aux sommets du box-office.
Nic Pizzolatto, quant à lui, a besoin de se remettre en selle pour ne pas rester l’homme d’un hit unique. Si l’ancien écrivain et professeur de littérature a secoué le monde des séries télévisées avec son thriller sombre et existentiel True Detective, il n’est pas parvenu à renouveler ce coup d’éclat avec la deuxième saison, confuse et indigeste. Au vu de ses mauvais résultats, l’avenir du show anthologique est incertain, même si Matthew McConaughey a récemment déclaré que son rôle de Rust Cohle, flic torturé au bord de l’abîme, lui manquait. Ce nouveau projet de série a donc pour Pizzolatto, en contrat avec HBO jusqu’en 2018, un parfum de dernière chance.
Un projet important pour une chaîne en perte de vitesse
La situation actuelle d’HBO est délicate. Si la chaîne enchaîne toujours les succès critiques (le drame judiciaire The Night Of, le diamant noir The Leftovers ou le touchante et déjantée Girls), la fin programmée du mastodonte Games of Thrones dans deux saisons, la chute de True Detective et l’annulation prématurée de Vinyl, la fresque rock’n roll dantesque de Martin Scorsese et Mike Jagger, rendent son avenir incertain. En plus de l’arrivée prochaine de l’ambitieuse Westworld créé par J. J. Abrams et Jonathan Nolan, la chaîne cherche donc de nouveaux projets susceptibles de la remettre sur les rails, à l’instar du thriller politique sur la montée de l’Etat islamique créée par Bradley Cooper et Todd Philips.
Si le choix de Robert Downey Jr. pour incarner l’avocat Perry Mason est plutôt engageant (d’Ally McBeal à Sherlock Holmes en passant par Kiss Kiss Bang Bang, l’acteur est habitué aux rôles de justiciers excentriques), l’échec relatif du drame procédural The Judge porté par l’acteur en 2014 et son projet avorté de drama pour Showtimes peuvent faire douter de la solidité de l’entreprise. L’univers des séries judiciaires est de plus relativement encombré et varié, entre la noirceur de The Night Of et l’outrance comique de Better Call Saul. Mais si leur rencontre permet au showrunner et à l’acteur de déployer pleinement leurs talents, elle peut aboutir à un résultat solide traçant un sillon original, entre recettes éprouvées et modernité de ton, noirceur du récit et flamboyance du jeu.
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