Du 9 au 13 août, se tenait à Oslo le Øya, festival à l’ambiance bon enfant où se côtoient têtes blondes, panneaux « no crowd surfing » et stands de nourriture bio. C’est là-bas qu’on a vu un nombre incalculable de groupes norvégiens, certains dispensables ; d’autres, beaucoup moins. On vous donne nos dix coups de cœur, plus ou moins connus.
Ary
Parce que le Øya Festival ne fait pas les choses à moitié, c’est lors d’un concert très intimiste dans le musée du ski de Oslo, près de l’ancienne piste de saut à ski des JO, qu’on a d’abord entendu la voix toute en rondeurs de la chanteuse multi-instrumentiste Ary, accompagnée pour l’occasion du producteur norvégien Carl Louis. C’est pourtant au festival, devant un public déjà conquis, qu’on aura la confirmation de tenir devant nous une future grande de l’électro-pop scandinave dont le premier titre, Higher, a été publié par le très bon label belge Eskimo Recordings : ensorcelantes, dansantes à souhait, et portées par des beats imparables, les mélodies d’Ary ne vont certainement pas rester un secret bien longtemps.
https://www.youtube.com/watch?v=7Bul4gubXUw
Farao
Autre multi-instrumentiste à l’avenir radieux : Farao, alias Kari Jahnsen, partage avec Ary une voix aussi entêtante que claire, et un goût prononcé pour les chansons électro-pop bâties comme d’immenses châteaux de cartes. Tantôt catchy, tantôt calme, Farao continue de surprendre après un premier album,Till It’s All Forgotten, paru l’année dernière.
Ivan Ave
Drolatique et à l’aise dans son bermuda, le jeune rappeur Ivan Ave est une des bonnes surprises du Øya. Avec son flow tranquille, ses tracks qui fleurent bon le hip-hop old school et son groupe aux influences jazz évidentes, le Norvégien basé à Oslo a su gagner un public pas toujours facile. À suivre de près.
André Bratten
Pas vraiment une découverte, certes, puisque le producteur électro nous avait déjà bluffé sur disque et en live l’an passé. Confirmation au Øya grâce à un DJ set techno violent et dément joué à 160db (sisi) qui a retourné le club Dattera til Hagen, blindé pour l’occasion. On t’aime Dédé.
Aiming For Enrike
Ils sont deux, ils ont une moyenne d’âge qui ne doit pas dépasser les 20 ans et ils ont été notre première découverte du festival. Avec leur math-rock puissant, les deux compères de Aiming For Enrike – l’un à la guitare, l’autre à la batterie – se placent en naturels cousins scandinaves de Battles, grosses guitares en plus. On regrette parfois leur manque de précision, mais on aime leur minimalisme, leur groove, leur côté punk et leur facilité à se diversifier dans la répétition (on vous jure que c’est possible).
Gundelach
Place à l’introspection avec Gundelach, ex-Dj reconverti dont le songwriting et l’électro-pop minimale le rapprochent d’un James Blake venu du froid. Accompagné d’un groupe en live, le Norvégien déroule ses boucles éthérées avec mélancolie. On se surprend parfois à danser lorsque les beats s’emballent, et à rêver de road-trip nocturnes dans les paysages enneigés du Nord du pays. À la lumière d’une aurore boréale, bien sûr.
Okay Kaya
C’est un peu notre chouchoute du festival, celle dont on écoutait les titres depuis plusieurs mois sans l’avoir jamais vu en live. Troublante de timidité, de simplicité et de modestie sur scène, Okay Kaya n’en reste pas moins bluffante de sincérité lorsqu’elle laisse éclore sa folk/lo-fi comme le ferait une Emiliana Torrini. On se laisse porter par sa voix douce et pourtant maîtrisée, par son spleen beau à crever. Vivement l’album.
Aurora
Plus besoin de présenter la très jeune Aurora : depuis des premiers faits d’armes, à peine majeure, la Norvégienne n’a cessé d’impressionner par sa maitrise, son excentricité et sa voix de cristal. Pas étonnant alors qu’à domicile, en robe de poupée et yeux écarquillés, la jeune femme soit accueillie comme une reine par un parterre de fans transis qui connaissent chaque mot et intonation de ses pop songs ensorcelantes, mais jamais grandiloquentes.
Nils Bech
C’est peut-être notre révélation du Øya, qui a su nous dévoiler le nouveau joyau de la scène norvégienne dans le plus beau des écrins : sous un tipi, dans la forêt, en concert intime et en set réduit. Perché sur une table en bois alors que le feu crépitait dans le froid dehors, Nils Bech a livré une performance captivante, accompagné seulement de machines et d’un clavier. Avec ses allures de Tintin tombé du nid, l’artiste à la voix de castrat n’en reste pas moins complètement habité lorsqu’il déroule ses titres entre électro minimale et pop prête à conquérir les dancefloors. On ne s’étonnera pas alors qu’après deux albums à son actif, ce soit chez DFA Records, le label de James Murphy de LCD Soundsystem, que sortira le prochain disque du fascinant trentenaire.
Great News
Malgré un nom à rendre fou n’importe quel journaliste tentant de les googler, le trio tient un rock parfois dansant, souvent eighties, mais rarement décevant. Si on émet quelques doutes sur la voix, pas toujours en accord avec les mélodies du groupe, on sait déjà qu’on entendra parler de Great News dans le futur. Bonne nouvelle.