Une nouvelle fois, l’acteur français est mis aux prises avec les maux de notre société et n’entend pas baisser les bras.
Vincent Lindon est Jacques Romand, professeur déçu par l’enseignement mais qui ne veut se résoudre au cynisme de beaucoup de ses collègues et ami·es, qui continuent à enseigner comme si tout allait bien, tête baissée, nez dans le guidon en attendant la retraite.
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Un jour, Romand, dans la supérette du coin, assiste à l’agression du commerçant par une bande d’ados venus piquer la caisse. Romand intervient et l’un des gosses est arrêté. Il est rom, a 14 ans et se prénomme Victor. Sans doute pour se venger, Victor entre par effraction, la nuit, chez Romand, et commence à tout casser. Puis s’endort sur place.
Victor, “l’enfant sauvage“
Rentré chez lui, Romand découvre Victor (par ailleurs prénom de L’Enfant sauvage dans le film de François Truffaut) qui lui apprend qu’il est totalement déscolarisé, battu et maltraité par un “oncle“ qui le force à voler pour survivre. Alors Romand décide de prendre en main Victor en commençant par lui apprendre à lire. Ce sont sans doute les scènes les plus belles du film.
Sur sa route, Romand va aussi rencontrer une femme dynamique, Harmel Kirshner (Karole Rocher), des associations qui tentent de sortir ces enfants sans identité de la misère où on les maintient. Mais avec quel pourcentage de réussite ? Alors Romand se bat, harcèle les services sociaux de coups de téléphone, etc. Le cœur sur la main…Comme un fils ressemble un peu trop à un film de Stéphane Brizé qui n’aurait pas pu le tourner parce qu’il avait une angine, et qu’on aurait confié à Nicolas Boukhrief, cinéphile (il fut l’un des fondateurs de la revue Starfix, spécialisée dans le cinéma fantastique) et cinéaste surtout connu pour ses thrillers (comme Le Convoyeur).
Comme un fils est un film “français-social-avec-Vincent-Lindon-dedans” de plus, où l’un des plus grands acteurs français joue une fois de plus le type bien, courageux et droit à qui on ne la fait pas, qui a une éthique, veut sauver le monde, supprimer la misère, rendre la justice, guérir les écrouelles, etc.
Mais à quoi bon au fond ?
À la fois abbé Pierre, Albert Schweitzer, Superman et Zorro, Romand, bien sûr, n’y parvient pas. Avec cet air de chien battu qu’on lui connaît un peu trop dans ce type d’exercice. À vrai dire, il suffit de voir la bande annonce pour tout savoir, à part la fin, certes. Mais elle n’a rien de drôle et je ne voudrais pas trop me moquer de ce Comme un fils, et risquer de me voir reprocher mon cynisme, car il dénonce des injustices qui sont réelles.
Mais à quoi sert ce type de long métrage si l’on n’y trouve pas plus de cinéma, de forme, de travail stylistique, et qu’il se contente d’être une banque d’images et de sons à sujet sociétal ? Parce que le fond, c’est la forme, et que reproduire à l’infini les mêmes clichés cinématographiques ne sert qu’à répéter les mêmes clichés sur les Roms.
Comme un fils de Nicolas Boukhrief, avec Vincent Lindon, Karole Rocher, Stefan Virgil Stoica (Fr., 1h42, 2024). En salle le 6 mars.
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