Le Musée du quai Branly – Jacques Chirac propose durant le premier week-end de mars de nombreux débats, conférences, projections et performances autour de la question du corps. En dévoilant des savoirs secrets, le musée tient sa promesse : l’ethnologie va nous surprendre !
“Nul ne sait ce que peut le corps”, écrivait Spinoza dans son Éthique. Si nul ne le sait jamais vraiment, pas même les sportif·ves capables de dépasser leurs propres limites un jour de transe, peut-on au moins tenter d’en saisir quelques principes de fonctionnement.
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Dans le large corpus des disciplines scientifiques qui scrutent les corps, à la fois comme machines et comme réceptacles d’affects, l’anthropologie et l’ethnologie occupent une place particulière, en ce qu’elles dévoilent des savoirs précieux sur nos corps habités et animés.
Le corps, sujet d’exploration
C’est précisément à cette richesse heuristique que se consacre la sixième édition du rendez-vous biennal, L’ethnologie va vous surprendre !, proposé depuis 2013 par le musée du quai Branly – Jacques Chirac. Soit deux jours de rencontres, débats, projections consacrés à l’ethnologie et visant à transmettre la fécondité de recherches, souvent mal connues du grand public, ouvrant des horizons de compréhension du fonctionnement des sociétés contemporaines, d’ici et d’ailleurs.
Si le corps s’impose cette année comme sujet d’exploration, c’est peut-être que notre époque le malmène, à force de le stimuler ou de le violenter. Pour mieux éclairer ce qu’il est capable de faire ou de rater, plusieurs angles de réflexion seront proposés durant ces deux jours, grâce à une cohorte prestigieuse d’anthropologues, chorégraphes, danseur·euses, sportif·ves, cinéastes…
Placées au cœur de la programmation foisonnante, quatre grandes conférences donneront des pistes d’analyse précieuses à tous les mystères de nos corps performants, malades, beaux ou vils : “Qu’est-ce qu’un corps ?”, avec les deux grands anthropologues Anne-Christine Taylor et Stéphane Breton (samedi 2 mars à 11h30) ; “Déborder sa danse”, avec le chorégraphe Volmir Cordeiro et l’anthropologue Laura Flety (Samedi 2 à 15h30) ; “Le corps : des techniques au rituel”, avec Pierre Lemonnier, directeur de recherche émérite au CNRS et le préhistorien et professeur d’archéologie à l’École nationale des chartes à Paris Nathan Schlanger (Dimanche 3 mars à 11h30) ; “Le sport comme vecteur de dépassement de soi et d’égalité”, avec Lilian Thuram, champion du Monde et d’Europe de Football, aujourd’hui président de la fondation Éducation contre le racisme, et Philippe Charlier, médecin légiste, archéologue et anthropologue.
Le corps, entre sport, identité et fonction sociale
L’on pourra ainsi, à l’écoute de ces voix avisées, saisir en quoi nos corps, comme marque de notre identité, sont toujours reliés à d’autres corps invisibles ; on s’attardera aussi sur le rôle du mouvement et des expériences sensibles dans le dépassement de soi, sur la puissance des rituels dans les techniques du corps, mais aussi sur la fonction sociale et inclusive du sport.
Parallèlement à ces grands rendez-vous, plusieurs mini-conférences interactives et visuelles, “les Têtes chercheuses” évoqueront le pouvoir du corps dans la danse balinaise, les voyages chamaniques et les pèlerinages psychédéliques en Amazonie péruvienne, le travail du corps et le travail politique dans les pratiques féministes de loisirs…
Le samedi 2 mars, le musée proposera une soirée jusqu’à minuit avec des visites inédites au cœur des collections ainsi que des performances programmées en collaboration avec le Centre national de la danse, avec entre autres un cabaret “Drag King” proposé par la Kings Factory, le solo Outrar du chorégraphe brésilien Volmir Cordeiro, un show pédagogique autour du krump du chorégraphe Grichka Caruge, une battle par la compagnie Art-Track…
Plusieurs films seront aussi projetés, dont De Humani Corporis Fabrica de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor, constitué d’images médicales, opérations et endoscopies : un regard halluciné sur nos entrailles, ce paysage immonde et sublime. À la mesure de l’ethnologie, dont ce week-end au musée du Quai Branly se veut la promesse, le cinéma peut aussi nous surprendre, en nous révélant à nous-mêmes ce que nous sommes. En fin de week-end, nous devrions ainsi être mieux armé·es pour comprendre ce que peut un corps, ce qui le meut, ce qui l’émeut, ce qui le mine.
L’ethnologie vas vous surprendre, “Le corps” samedi 2 et dimanche 3 mars 2024
Plus d’informations sur le site du musée.
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