Les pages Wikipédia doivent-elles forcément mentionner le prénom de naissance des personnalités trans comme Elliot Page ? Alors que le site a soumis un sondage à sa communauté, le débat fait rage.
Depuis quelques jours, la communauté de contributeur·rices à Wikipédia vit au rythme du débat : “Dans le cas où une personne trans a acquis une grande notoriété sous son nom pré-transition […], ce nom devrait-il en principe être mentionné dans le résumé introductif ?” C’est la question qu’a posé l’encyclopédie en ligne à ses adhérents lors d’un sondage posté ce 12 février.
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Invitant leurs bénévoles à voter et à justifier leurs choix, le site explique vouloir “sonder la communauté sur certains points qui donnent lieu à des guerres d’édition”. L’usage du deadname des personnes trans (soit leur nom de naissance) relève souvent d’une expérience douloureuse pour les personnes concernées, qui ont du mal à affirmer leur identité dans un monde qui les ramène sans cesse à leur passé. Pour Léo, personne non-binaire interrogée par Numérama, utiliser un deadname, “c’est comme si vous disiez à une personne victime d’inceste qu’elle est obligée de garder le nom de son père. C’est un nom chargé de mémoire, et ça peut être très négatif, mener à de la dysphorie et à des états de stress extrêmes”.
Un résultat serré
Dévoilé ce lundi 26 février au terme de deux semaines de vote, le résultat du sondage est serré : 51,8 % des votant·es souhaitent continuer d’utiliser le deadname des personnalités trans tandis que 44,3 % s’affichent contre, et que 3.9 % se déclarent neutres. Si le sondage n’avait pas pour but de décider quoi que ce soit de définitif, il met tout de même en lumière le désaccord qui règne au sein des votant·es.
Dans les réponses au sondage, celles et ceux qui tiennent à utiliser le deadname des personnalités invoquent des raisons “encyclopédiques”, notamment si “la notoriété est avérée avant la transition” : “Il faut bien que le lecteur puisse s’y retrouver. Si la notoriété n’est venue qu’après, [le deadname] n’a a priori pas sa place”, peut-on lire. Ainsi, malgré les nombreux témoignages de personnes trans qui font entendre la douleur que peut représenter cette mention, la majorité reste en désaccord avec elles. “On est à un niveau de violence symbolique énorme pour que l’on veuille empêcher les personnes trans d’écrire sur les autres personnes trans”, explique une réponse au sondage.
Un débat de longue date
En 2022 déjà, le traitement des personnes trans, non-binaires et intersexes par Wikipédia faisait débat. Plus de quarante personnalités, dont Céline Sciamma, Paul B. Preciado et Virginie Despentes, avaient alors signé une tribune parue dans L’Obs pour dénoncer certaines pratiques du site, entre “mégenrage, utilisation du deadname et de photos pré-transition, harcèlement”. La même année, Wikipédia avait ouvert la discussion sur le sujet, sans aboutir à une quelconque conclusion.
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