Juste avant son concert sur la scène du festival breton, on a discuté avec le quatuor montréalais le plus classe du moment. Rencontre sous le soleil avec Suuns.
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Avec votre dernier album, Hold/Still, vous pensez être allés jusqu’au bout de vos expérimentations ?
Joseph Yarmush : Cet album a été fait l’an dernier, et je pense que oui, nous sommes allés jusqu’au bout de notre expérimentation même s’il y a beaucoup de chansons que l’on n’a finalement pas gardées. Mais oui, l’idée est toujours de pousser au maximum. Je crois néanmoins que le prochain sera plus expérimental, moins mainstream. On a fait ce qu’on voulait sans vraiment penser au résultat. Le fait d’enregistrer l’album en trois semaines nous a fait rester dans le même mood. C’est peut-être pour ça que toutes les chansons vont dans la même direction.
Ben Shemie : Personnellement, je ne pense pas que l’on soit allés au bout, car je ne pense pas nécessairement qu’il y ait un but. On essaie de faire quelque chose de particulier, c’est plus dans le moment, quand on enregistre un morceau, que l’on se dit : « Celui-là, on va le traiter de cette façon ». Il n’y a pas vraiment de genre de musique que l’on essaie de faire, on sait juste quand ça marche ou pas, et on est assez unanimes dans ce sens-là. Il y a un consensus d’esthétique. Peut-être qu’on va changer de trajet pour le prochain album, mais sans forcément chercher un but. On veut surtout faire de la musique qui nous plaît à tous les quatre.
Votre musique est très différente de celle des autres groupes actuels, c’est dur de la comparer. Est-ce que, malgré tout, vous avez des inspirations?
Ben Shemie : Oui, on écoute beaucoup de choses très différentes de la musique qu’on fait. Même ici, à la Route du Rock, il y a des groupes dont on est fans. Surtout du côté de la musique électronique, mais pas que. Tindersticks, c’est un groupe qu’on a tous écouté pendant des années. Belle & Sebastian, c’est super différent de nous mais c’est de la musique qui nous a influencé, dans le sens où c’est de la bonne musique.
Vous avez collaboré avec Jerusalem In My Heart le temps d’un album l’année dernière. Comment est né le projet ?
Joseph Yarmush : Ben… Il est là ce soir… Radwan Ghazi Moumneh est ici ! (rires) On travaille ensemble, c’est notre ingénieur du son. Il bosse aussi en studio donc il est connecté à ce monde. On a travaillé avec lui pendant des années, sur toutes nos tournées. On est amis et on aime ce qu’il fait avec le projet Jerusalem In My Heart. Donc on a pris une semaine pour faire les choses et ça s’est logiquement très bien passé.
Ça n’a pris qu’une semaine ?
Joseph Yarmush : Juste pour enregistrer les démos, ensuite on a fait quelques retouches dans son studio.
Ben Shemie : Ça a pris trois ans, en fait. (rires)
Joseph Yarmush : Ouais, en tout ça a pris trois ans, avec de grandes pauses.
Vous prévoyez une suite à ce projet ?
Joseph Yarmush : Je pense que oui. Ça serait cool d’en faire une, mais on n’a pas encore planifié ça. On espère, on en parle parfois, mais c’est très compliqué à cause de nos deux vies très chargées, et le fait qu’on n’a pas vraiment essayé « trop fort », et qu’on a pris notre temps. C’est ça qui a rendu ce projet spécial, c’était un vrai projet d’amitié. Ça serait mieux de prendre du temps entre les albums de ce projet, pour amener à chaque fois quelque chose de nouveau.
Vous auriez envie de réitérer le projet avec d’autres artistes ?
Max Henry : Le scénario était unique car on est amis, il y a une familiarité qui serait compliquée à retrouver avec un autre artiste je crois. Mais on ne sait jamais ! Dans un sens, ce n’était pas vraiment une collaboration pour un album, car c’était déjà né depuis longtemps.
Joseph Yarmush : On n’a pas vraiment le temps de travailler sur beaucoup d’autres projets car Suuns nous prend beaucoup de temps. C’est sûr qu’on aimerait faire ça avec quelqu’un d’autre mais en étant en tournée 6 ou 8 mois par an, c’est compliqué.
Ben Shemie : Ça dépend, c’est sûr qu’avec quelqu’un d’autre ça serait une autre manière de travailler. La question n’est pas vraiment avec qui on veut travailler, c’est plutôt qui veut travailler avec nous ! (rires)
Vous habitez toujours à Montréal. C’est un endroit inspirant, propice à la création ?
Joseph Yarmush : Oui, c’est un ville qui a beaucoup d’énergie du coté des arts… J’ai passé presque toute ma vie là-bas, donc je ne sais pas, je ne peux pas m’imaginer habiter ailleurs.
Ben Shemie : C’est un style de vie aussi, Montréal. C’est super d’être artiste là-bas car on est très bien soutenus par la communauté, on est gâtés d’être là. C’est sûr que si on était un groupe de Brooklyn, ça serait beaucoup plus compliqué pour nous de se faire une place. C’est un peu l’effet Berlin de l’Amérique du Nord. Comme c’est « facile » de vivre là, il y a un manque de créativité, de genres musicaux, il y’a beaucoup moins de choses à découvrir que dans de plus grandes villes internationales.
C’est plus facile de s’y faire une place ?
Ben Shemie : C’est ça, c’est moins cher d’en avoir une, en fait.
Il y a moins de choses à découvrir ?
Ben Shemie : Oui. C’est comme une ville semi-internationale, il n’y a pas une grande industrie, peu de travail, c’est difficile car on peut s’entre-supporter mais d’une manière très modeste. Pour atteindre la « prochaine étape », c’est-à-dire un pas de plus vers la célébrité en tant que groupe, c’est beaucoup plus difficile que dans de plus grandes villes comme New York.
Pour votre prochain album, vous avez déjà des idées ou des envies particulières ?
Ben Shemie : Même avant d’avoir commencé notre dernier album, on ne savait pas ce qu’on allait créer, ce que ça allait donner. Pour nous, ça prend du temps de décider ces choses. Même si on a une idée, elle peut changer dix fois avant de se retrouver sur l’album, donc c’est impossible à dire.
Max Henry : C’est Ben qui écrit les chansons, mais pour le reste on suit nos goûts à tous les quatre. C’est ça que je dirais : on ne peut pas savoir à quoi ressemblera notre prochain disque car, entre maintenant et le moment où on va commencer à le faire, ce sont nos goûts à tous qui vont changer.
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