Si l’on se souvient de Robert Badinter comme de celui qui a aboli la peine de mort en France en 1981, il ne fut pas seulement ministre de la justice sous François Mitterrand, mais un grand défenseur des droits fondamentaux.
Il a aboli la peine de mort en France, Robert Badinter est mort dans la nuit du 8 au 9 février 2024, à l’âge de 95 ans. C’est âgé de 23 ans qu’il s’inscrit comme avocat au barreau de Paris, mais avant de s’engager en politique, il est d’abord professeur agrégé en droit privé dans les années 1960, et fonde son cabinet en 1965. Ses clients sont célèbres. Il défend Roberto Rossellini, Charlie Chaplin, Coco Chanel, mais c’est l’affaire Roger Bontems en 1972, pour lequel il ne parvient à éviter la peine de mort, qui marquera le début de son combat contre cette mesure judiciaire.
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Quelques années plus tard, Badinter assure la défense de Patrick Henry, un homme accusé du meurtre d’un garçon de 7 ans. Lors de son procès en 1977, il prononce une plaidoirie inoubliable contre la peine de mort : “Moi je vous dis : si vous le coupez en deux, cela ne dissuadera personne”. Patrick Henry écope d’une peine de prison à perpétuité.
Une carrière politique portée sur la défense des droits humains
Ministre de la Justice du gouvernement de Pierre Mauroy sous la présidence de François Mitterrand, il obtient l’abolition de la peine de mort. Son discours du 17 septembre est entré dans l’histoire : “Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées”. Le 9 octobre 1981, la loi abolissant la peine de mort en France est promulguée. À ce poste, il obtiendra également l’extradition de Klaus Barbie, et soutiendra la loi Forni, rapportée par Gisèle Halimi, pour la dépénalisation de l’homosexualité.
Si on se souvient surtout de son passage comme garde des Sceaux, Robert Badinter a également été au cours de sa carrière président du Conseil Constitutionnel de 1986 – il fera même annuler huit articles des lois Pasqua-Debré contre l’immigration – puis sénateur PS des Hauts-de-Seine, élu 1995 et réélu en 2004.
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