Une galerie de portraits de femmes menée à un train d’enfer par cinq actrices réjouissantes. Justine Heynemann opère avec “Culottées” l’inverse de Mary Poppins : sauter de la case dessinée sur la scène du vivant.
Enlevée, vive, décapante : la transplantation au théâtre de la BD Les Culottées de Pénélope Bagieu est une réussite. Une connivence entre les deux modes d’expression reposant sur un art délié du montage, avec des coupures nettes – de la case sur la page au tableau sur la scène – qui rythment une trépidante farandole de portraits de femmes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Culottées, les cinq actrices qui endossent une soixantaine de rôles le sont également et réussissent en un clin d’œil à sauter allègrement le temps et la géographie pour faire (re)vivre les 30 culottées de Bagieu sous nos yeux. Accompagnées par le musicien Manuel Peskine, Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Elissa Alloula, Claïna Clavaron et Séphora Pondi se glissent d’un rôle à l’autre avec l’aisance que confère l’expérience. Ce qu’elles donnent à voir et à entendre, c’est du vécu et du ressenti. Et ça vibre d’un bout à l’autre du spectacle.
Un cabaret où se mélangent musique, danse et jeu
Quand on lit Culottées, cette traversée des époques et des continents permet de découvrir que la possibilité d’échapper au déterminisme patriarcal qui bride les femmes a toujours existé. Les 30 portraits qui irriguent les deux tomes des Culottées en témoignent : “Il suffit d’être une femme qui a dû se créer un chemin alternatif, un plan B, explique Pénélope Bagieu dans le programme du spectacle. S’être dit, face à l’adversité, à un père, une institution, une loi ou même la société tout entière : ‘À partir de maintenant, on va faire comme moi j’ai décidé.’”
La principale difficulté du passage de la BD à la scène était d’éviter l’aspect répétitif d’un catalogue animé de ces portraits. La forme retenue, celle d’un cabaret où la musique, le chant, la danse et le jeu se combinent et vont jusqu’au mélange ou la rencontre imaginaire de certaines de ces femmes permet de dilater ou de contracter les scènes. De les faire respirer, palpiter. De combiner l’humour, la détermination, la combativité et la puissance de figures aussi différentes que la femme à barbe Clémentine Delait, la première astronaute Mae Jemison, la rappeuse afghane Sonita Alizadeh ou encore l’impératrice chinoise Wu Zetian en usant hardiment de la palette propre au jeu théâtral : du changement de costumes aux entrées et sorties de scène en forme de carrousel forain. Un pur régal.
Culottées, d’après Pénélope Bagieu, adaptation Rachel Arditi et Justine Heynemann, mise en scène Justine Heynemann. Au Studio de la Comédie-Française, Paris, jusqu’au 3 mars.
{"type":"Banniere-Basse"}