Du 24 au 28 janvier, le 31e Festival international du film fantastique de Gérardmer a fait la part belle au cinéma de genre – d’horreur surtout – contemporain. Une compétition qui fut aussi sanglante à l’écran qu’inégale en qualité.
Ce dimanche soir 28 janvier, le jury présidé par Bernard Werber a rendu son verdict avec un palmarès somme toute logique au regard de ce qu’aura été la compétition cette année : un immense jeu de massacre au cours duquel seulement quatre films sur dix, tous récompensés, se seront vraiment démarqués.
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Grand vainqueur de cette édition, le Coréen Jason Yu a été récompensé pour son premier film, Sleep. Véritable coup de maître formel, il raconte comment la vie d’un jeune couple bascule le jour où le mari commence à faire d’effrayantes crises de somnambulisme. Force d’évocation stupéfiante, mise en scène chirurgicale, mélange des genres audacieux : il est en effet le meilleur film du festival.
Les deux prix du jury ont, quant à eux, été respectivement remis à l’étonnant Amelia’s Children du Portugais Gabriel Abrantes (Diamantino), qui narre les retrouvailles, dans la grande villa maternelle, entre des jumeaux tragiquement séparés lorsqu’ils étaient bébés (on n’en dit pas plus) ; et au bien moins enthousiasmant En attendant la Nuit de Céline Rouzet, qui échoue à nous captiver avec les tribulations d’une famille de vampires tentant de s’intégrer dans sa nouvelle banlieue pavillonnaire du sud de la France.
Une fois n’est pas coutume, le public et la critique sont tombés d’accord cette année en récompensant tous deux When Evil Lurks de l’Argentin Demián Rugna, bombe ultra gore et sans temps mort qui réinvente de toutes pièces le film de possession démoniaque. Quant au jury jeunes de la région Grand Est, celui-ci aura été à juste titre happé par The Seeding de Barnaby Clay, qui raconte comment un randonneur venu filmer une éclipse se retrouve pris au piège aux côtés d’une femme étrange au milieu des rocheuses états-uniennes. Un huis clos à ciel ouvert étouffant et jusqu’au-boutiste.
Une sélection inégale
Ce palmarès, incontestable dans sa grande majorité, vient clore une compétition qui pour les autres films présentés aura été au mieux encourageante et au pire très pénible. Outre En attendant la nuit et sa métaphore trop appuyée de la différence, on pense au film d’ouverture, The Forbidden Play de Hideo Nakata (Ring), authentique naufrage aussi kitsch qu’assourdissant, à Perpetrator de Jennifer Reeder, qui n’est pas inintéressant dans sa manière d’aborder la sororité, mais qui se handicape d’effets visuels surannés et d’une mise en scène illustrative. Quant à The Funeral, road movie turc, les paysages et l’ambiance visuelle globale ne parviennent pas à compenser la bêtise de cette histoire de zombie cannibale.
Notons malgré tout deux films qui, même s’ils ne sont pas vraiment aboutis – faute de moyens pour le premier et d’un scénario assez solide pour le second –, donnent à voir ici et là de jolies trouvailles de mise en scène : la relecture du mythe du loup-garou Resvrgis de Francesco Carnesecchi, et le huis clos paranoïaque La Damnée d’Abel Danan. On précise que tous les films de la compétition seront à (re)découvrir à la Cinémathèque française du 31 janvier au 5 février.
Le palmarès complet :
Grand Prix : Sleep de Jason Yu
Prix du Jury : Amelia’s Children de Gabriel Abrantes et En attendant la nuit de Céline Rouzet.
Prix de la Critique : When Evil Lurks de Demián Rugna
Prix du Public : When Evil Lurks de Demián Rugna
Prix du Jury jeunes de la Région Grand Est : The Seeding de Barnaby Clay
Grand Prix du court métrage : Transylvanie de Rodrigue Huart
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