Pour le secteur de la bande dessinée, le festival d’Angoulême reste le rendez-vous immanquable, à la fois vitrine internationale et laboratoire à ciel ouvert.
Cette 51e édition offre un reflet plutôt fidèle des rapports de force actuels, célébrant le manga avec plusieurs expos (Moto Hagio, Hiroaki Samura, Shin’ichi Sakamoto) et laissant un peu de côté les comics américains en perte de vitesse. La manifestation phare arrive au bon moment : le milieu de la BD a un besoin collectif de se rassurer. Malgré les poids lourds franco-belges tels qu’Astérix ou Gaston Lagaffe, avec l’augmentation du prix des livres, les ventes en 2023 ont été en baisse (-4,9 % en valeur selon le groupe GFK). Pour le festival, l’enjeu consiste à égaler la fréquentation de l’année passée (200 000 visiteur·ses) avec une programmation qui, tout en accordant de la place à un auteur populaire – Riad Sattouf et la rétrospective de L’Arabe du Futur – garde sa dimension prospective.
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Ainsi, la création collective Ligne(s) de départ avec quatre talents relativement émergents, Lisa Blumen, Nina Lechartier, Jérémy Perrodeau et Chloé Wary, rappelle que le medium dessiné reste en mouvement. Si la sélection officielle a fait des impasses incompréhensibles – Testosterror de Luz ou Environnement toxique de Kate Beaton –, elle reste aussi porteuse d’une croyance : celle que d’autres écritures restent possibles à côté des succès grand public. Comme chaque année, les plus rétrogrades taxeront d’élitiste le palmarès annoncé samedi soir, mais ce coup de projecteur sur la créativité la plus audacieuse, mixte et hybride, reste le meilleur des signaux. Si Angoulême ne devient un jour que la caisse enregistreuse des best-sellers, on pourra s’inquiéter pour l’avenir de la bande dessinée.
Édito initialement paru dans la newsletter Livres du 25 janvier . Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !
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