Le nouveau film de Todd Haynes, un road-movie existentiel dans l’immensité russe, Zac Efron en catcheur bodybuildé… Voici les sorties de la semaine !
May December de Todd Haynes
Symphonie de regards déroutés et sournois, May December est une mise à sac des passions de la bourgeoisie blanche américaine : amabilités exténuantes, sourires cannibales, embrassades suffocantes. Et comme en passant, une bastonnade des cynismes hollywoodiens. Jouer des codes pour les exploser. C’est ainsi que Todd Haynes est grand.
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Iron Claw de Sean Durkin
Outre l’excellente reconstitution des scènes de catch, la grande qualité du troisième film de Sean Durkin, dont on a compris que le thème de prédilection était les mécanismes d’emprise masculine, est de raconter les dégâts de cette paternité toxique sans en grossir le trait, en en laissant décanter les vapeurs à mesure que le film avance.
La critique de Bruno Deruisseau
La Grâce d’Ilya Povolotsky
Par un réseau de signes et de symboles qui n’effacent jamais la matérialité d’un film qui sait si bien rendre l’hostilité et les contrastes de son paysage mental, La Grâce s’éclaire à mesure qu’il avance et transcende le portrait initiatique et complice de sa jeune héroïne endeuillée, le transfigure en une tempête existentielle capable de tout renverser, pour préserver un peu de beauté aux restes d’un monde où il ne fait plus bon vivre nulle part.
La critique de Marilou Duponchel
Le Dernier des Juifs de Noé Debré
Le film se propose comme une vue en coupe de la judéité française, entre sociotypes, déplacements de population, bureaucratie de l’alya et, bien sûr, recrudescence de l’antisémitisme envisagée alternativement comme une réalité et une paranoïa. Sur ce tableau doux-amer plane le souvenir d’un melting-pot banlieusard black-blanc-beur-juif dont le film semble à la fois porter le deuil et tenter de construire le réveil, le tout dans un contexte politique à l’écho éminemment douloureux mais qui, fort heureusement, n’intimide pas sa part de légèreté.
Un coup de dés d’Yvan Attal
Attal a, on l’aura compris, la main leste. Son film ne se pense que par l’excès, tout est trop : trop de fausses larmes, trop de cris, trop de musique. Et au service de quoi ? De ce qu’il faut bien prendre pour ce que c’est : derrière un projet qui s’invente sûrement des filiations chabroliennes (Juste avant la nuit, version série dramatique TF1 de l’été), un bête fantasme grossièrement viril de crise de la cinquantaine adultérine fait de jeunes succubes tentatrices, d’évasions nocturnes en SUV, de bracelets clandestinement offerts à la terrasse de trattorias de luxe tapies dans les hauteurs.
L’Homme d’argile d’Anaïs Tellenne
Pour son premier long métrage, Anaïs Tellenne réalise une œuvre à la fois anachronique, travaillée par un imaginaire de contes et de films associés (de Cocteau à Demy), et totalement d’aujourd’hui. D’aujourd’hui parce que tout dans L’Homme d’argile semble modelé selon une pensée qui ne cesse de réfléchir à la question du regard, du genre et de ce qui définit la norme.
La critique de Marilou Duponchel
Captives d’Arnaud des Pallières
Aussi bien film carcéral aux accents de thriller paranoïaque, tentative de récit féministe sur la condition des femmes à la fin du XIXe siècle, que film cossu et coquet reposant sur une distribution féminine prestigieuse, il semble y avoir plusieurs tentatives de films dans Captives, hélas tous incomplets et laissés en suspens au profit d’un nouveau mouvement qui vient prendre la place du précédent. On finit alors par se demander ce qui a nourri le regard du cinéaste dans cette entreprise.
La Couleur pourpre de Blitz Bazawule
C’est l’incarnation et la légèreté que l’on cherche en vain, dans cet impressionnant kouglof de bons sentiments compassionnels, de harangues grimaçantes, de prêchi-prêcha abrutissants où la musique, Dieu et les interprétations endolories ont pris le pas sur toute velléité de structure, de fluidité de récit, de limpidité de la forme. Un enfant monstrueux de Broadway, d’Hollywood et du star-system noir, oui ; un film, pas tout à fait.
Nicky Larson : Angel Dust de Kazuyoshi Takeuchi
Le problème est que le scénario s’obstine à consacrer le plus clair de son temps à ce qui ferait aux yeux des fans le sel de Nicky Larson : une succession hystérique, ringarde et gênante de gags sexistes et misogynes – mais pas homophobes, c’est déjà ça –, frisant par moment la culture du viol. Et au regard de l’énergie déployée, le film ne tente jamais de dissimuler le fait que c’est avant tout pour cette audience qu’il existe.
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