Exit Rima Abdul-Malak : Rachida Dati, figure sarkozyste par excellence, a été désignée en tant que nouvelle ministre de la Culture, jeudi 11 janvier. Retour sur sa carrière politique, où les affaires judiciaires dissimulent un intérêt pour les questions culturelles proche du néant.
Qui dit nouveau Premier ministre (Gabriel Attal), dit nouveau gouvernement. Rima Abdul-Malak (punie pour ses prises de position sur la loi immigration et sur l’affaire Depardieu, contraires à celles du président ?) se retrouve ainsi déboulonnée de ministère de la Culture au profit d’une surprenante remplaçante qui risque de cliver : Rachida Dati, figure des Républicains désignée le 11 janvier malgré ses propos récurrents sur “les traîtres” de la Macronie.
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À droite toute
Née en 1965 et âgée de 58 ans, Rachida Dati a mené une vie politique chargée, qui commence en 2002 avec sa rencontre décisive avec Nicolas Sarkozy, dont elle deviendra la conseillère au ministère de l’Intérieur. Elle le suivra jusqu’aux présidentielles de 2007, occupant le poste de porte-parole officielle durant la campagne. Après l’élection de Sarkozy, elle se voit offrir le ministère de la Justice, et devient donc la première femme issue de l’immigration à occuper la place de Garde des Sceaux. Un an plus tard, en 2008, elle est élue maire du très huppé 7ème arrondissement de Paris (fonctions qu’elle occupe toujours aujourd’hui), puis députée européenne en 2009. En 2019, elle est nommée tête de liste du parti Les Républicains pour les élections municipales de Paris, mais est battue par la socialiste Anne Hidalgo, en 2020. Ces quelques années – mais aussi ses coups d’éclats médiatiques et ses affaires judiciaires – auront suffit à faire d’elle une des personnalités politiques de droite les plus connues du grand public.
Rien dans son parcours ne la relie à la culture, et encore moins ne la préfigurait à la tête de ce ministère. Des prises de position, peut-être ? Rachida Dati n’a pourtant presque jamais pris la parole sur les questions culturelles. Au Conseil de Paris, dont elle fait partie depuis plus de 15 ans, elle n’est “intervenue en tout et pour tout [qu’]à deux reprises” à ce propos : “Une fois pour critiquer la position de la maire de Paris sur le Théâtre du Châtelet, une autre pour contester l’ouverture du Grand Palais éphémère dans son arrondissement. Le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas son sujet de prédilection”, a confié à Télérama Carine Rolland, conseillère de Paris et adjointe à la culture à la mairie de Paris.
Grande gueule et scandales
Connue pour ses clashs, ses punchlines, sa grande gueule ou encore sa rivalité avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, Rachida Dati est en outre sous le coup d’une mise en examen depuis 2021 (rappelons qu’en 2017, Emmanuel Macron avait déclaré qu’“un ministre doit quitter le gouvernement lorsqu’il est mis en examen”). Accusée de “corruption passive”, “trafic d’influence passif” et “recel d’abus de pouvoir”, l’avocate de profession est soupçonnée d’avoir touché 900 000 euros entre 2009 et 2011 de la part de Renault afin de faire du lobbying pour le compte de l’entreprise au Parlement européen.
Son nom apparaît en outre dans une enquête ouverte sur la libération de Tayeb Benabderrahmane, un lobbyiste franco-algérien détenu au Qatar en 2020. Soupçonnée d’avoir servi d’intermédiaire dans ce dossier, et d’avoir potentiellement été rémunérée dans ce cadre, elle n’est pas mise en examen dans cette affaire comme le rappelle BFM.
C’est donc avec une valise remplie de scandales que Rachida Dati prend aujourd’hui place au ministère de la Culture, secteur pour lequel elle n’a jamais montré la moindre appétence – de quoi largement susciter la méfiance dans le monde culturel. On a hâte (?) de voir ses premières mesures, haut les coeurs !
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