Proche d’Antony ou de Will Oldham, une harpiste fantasque.
Elle est harpiste, excentrique d’une autre époque et proche de Will Oldham (qui coproduit cet album) – et elle n’est pourtant pas Joanna Newsom. C’est dans l’ombre de Current 93, Marc Almond ou surtout Antony & The Johnsons que Baby Dee a appris cette science bancale des arrangements déglingués, des mélodies claudicantes. Des ambiances déformées que cette transexuelle à la voix impossible aurait tout aussi bien pu glaner chez Brel, Kurt Weil, Tom Waits ou même Klaus Nomi – le kitsch en moins. Car pas une seconde ce cabaret ne vire au freakshow, à l’étalage camp : l’ambiance reste grave et fervente, même quand les paroles, souvent magnifiques et gonflées, partent en vrille. Avant de traîner sa carcasse mastoc et sa voix de bateleur derrière sa harpe ou son piano, Baby Dee a déjà connu plusieurs vies : elle (il à l’époque) fut ainsi diacre dans une église catholique, puis musicienne de rue, déguisée en ours, dans les rues de Manhattan ou de Paris. Et c’est précisément ce mélange de solennel et d’absurde, de recueillement et de déconne qui illumine les chansons incomparables de ce troisième album, qui assure un lien inédit entre Antony & The Johnsons et Randy Newman. Le premier qui l’appelle Lady Dee se prend un ramponneau.
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