Avec “Sous la menace”, Vincent Almendros enferme un ado dans un huis clos familial pesant. Un véritable travail d’orfèvre.
Il a quatorze ans, coincé dans la voiture avec sa mère et sa cousine, en route pour un week-end chez ses grands-parents. Il et elles en profiteront pour passer voir son père. On ne vous dira pas où est le père, ce serait dommage.
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Sous la menace, le titre pourrait s’appliquer à chaque roman de Vincent Almendros. Comme toujours, l’auteur dès les premières pages instaure une ambiance trouble, distille mille détails intrigants, crée une angoisse diffuse. Dans ce qui pourrait être une anodine réunion de famille, les non-dits et surtout les rivalités cachées entre les êtres apparaissent peu à peu. L’ambiguïté constitue le sujet clef de l’auteur de Faire mouche (2018). Par les yeux de son jeune narrateur, toujours inquiet et parfois inquiétant, les lecteur·ices découvrent une atmosphère un peu étrange, où un passé encombrant se révèle petit à petit. Almendros peaufine ici son art de l’ellipse et du silence, et ce n’est pas un hasard s’il a choisi pour héros un garçon bousculé par les bouleversements de la puberté, un collégien enfermé dans le monde des adultes, contraint de leur obéir et de taire ce qu’il pressent. Ce qui frappe le plus dans ce roman, c’est la violence qui entoure ce jeune narrateur.
Une mécanique parfaite
“Elle ne cherchait plus à cacher l’aversion que je lui inspirais”. Ainsi le narrateur parle de sa mère au début de ce texte à l’atmosphère glaciale. Et on apprend dans la foulée qu’il risque de se faire virer de son collège pour avoir battu un camarade – on comprendra pourquoi bien plus tard. Almendros a très finement creusé le sentiment d’être un paria, nié même par sa mère, éprouvé par son personnage. La famille n’est pas un lieu idyllique chez le romancier, ni pour l’adolescent qu’il met en scène ni pour sa cousine Chloé, onze ans, embarquée dans ce week-end auprès d’adultes dont elle ne décode par toutes les conversations. L’écriture sobre d’Almendros, son humour noir et son goût de la précision, font de son travail littéraire une mécanique parfaite.
Sous la menace de Vincent Almendros (Minuit), 144 p., 17 €. En librairie.
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