Accompagnés du formidable duo Equateur, les Popopopops jouaient hier soir au Divan du Monde, à Paris, à l’occasion de la sortie de leur premier album. On y était, on vous raconte.
The Popopopops, c’est ce groupe issu de cette nouvelle scène française passionnante, où la pop chante l’anglais sans accent, où les voix, les guitares, les claviers ont su trouver une souplesse et une chaleur pas vraiment traditionnelles de par chez nous. Ce n’est pas un détails : ils viennent de Rennes, cette ville-labo où tout semble décidément possible. Cet ouest français, du nord au sud, il fascine chaque jour un peu plus : de La Femme à Pegase, de Granville à Bengale, de Juveniles à Equateur (on y revient dans un instant), c’est toute une génération qui veut réinventer la pop – et qui semble bien partie pour. Et si on attendait, c’est vrai, quelque chose d’un peu plus fou pour le premier album des Pops, on a tout de même parcouru ces morceaux avec une vraie excitation, avec le sentiment que parmi ces quelques pépites se trouve peut-être le début de quelque chose de grand pour la pop hexagonale. On n’allait donc pas rater cette release party parisienne, pigallienne en l’occurrence, dans la jolie salle qu’est le Divan du Monde. Il faut dire, également, qu’on est tout autant venu pour Equateur, la première partie, que pour les Rennais.
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Parce que ces néo-Parisiens, originaire de Nantes (l’ouest, on vous dit) est un groupe qu’on écoute avec le sentiment que quelque chose de sérieux se prépare. Ils n’ont lâché qu’une poignée de morceaux jusqu’à présent, mais déjà on sent le potentiel énorme de ces électroniciens concentrés, perchés haut dans les étoiles et hypnotisés par l’avenir. Sur scène, Charles Rocher et Romain Nouhi partent loin dans leurs bidouillages de claviers, de sampler. Le décor ? De vieilles machines à cassettes, de vieux écrans de vieux films de science-fiction. Le rétro-futurisme comme mantra esthétique, les échos des fluides quantiques comme matière première, voilà ce qu’explorent les deux garçons avec un groove tranquille et profond, une indolence fuyante et claire, une précision maniaque de geeks avant-gardistes. Ils jouent ainsi les deux saphirs de leur récent ep, Aquila et Luv Express, sur lesquels ils finiront d’ajuster leurs réglages techniques. Avec une assurance grandissante et un calme attentif, ils jouent bientôt des titres encore inédits, fascinants de puissance et de fureur contenue, éthérés et sombres, sinueux et pas trop bavards : des objets sonores pas vraiment identifiés, à bord desquels on a vraiment hâte de s’embarquer. Viendra finalement Haunted, cette folie de rêve opiacé et d’electro cosmique – une vraie merveille de pop du futur.
Le reste du public arrive au compte-gouttes… Les vrais stars, ce soir, ce sont évidement les Popopopops, et surtout Victor, le chanteur. Celui-ci joue d’ailleurs très bien ce petit jeu de la reusta rock, et se perd dès son entrée sur scène dans des »Alooors, Pariiis ?! » un peu bizarres, devant une salle pas vraiment bouillante. Mais à force de persévérance et de séduction, le petit malin réussi son coup : le public entre dans son jeux, se laisse aller à flirter avec lui, commence à se détendre et à gigoter. On retrouve ainsi les belles choses de Swell, ce fameux premier album : la joliment traînante Wavelength, la très dansante Cross the Line, la cuivrée Healing et sa chouette trompette. Viendra aussi leur tube My Mind is Old, mais aussi – et surtout – R’n’R, cette pensée maline sur le rock, dans lequel les Rennais s’essaient de façon crédible au hip-hop. Eh ouais. Avec son petit côté Morrissey, Victor le beau gosse aura franchement bien mené ses acolytes vers l’énergie et la bonne volonté, et donné au public tout ce qu’on peut attendre d’un groupe aussi jeune. Un concert réussi pour un premier album qui ne sera pas le dernier – un groupe à suivre dans ce beau fourmillement français, à base de pop pop pop pop.
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