Arachnophobes, passez votre chemin. Ceci est un “trigger warning”. Car Vermines n’a pas volé sa réputation, acquise outre-Atlantique (il a glané le Prix du meilleur film au Fantastic Fest d’Austin) de film difficilement soutenable, voire carrément irrespirable, pour qui serait en bisbille avec nos amies arachnides.
C’est que le premier long de Sébastien Vaniček, coscénarisé par le touche-à-tout Florent Bernard (aka FloBer, éminence grise de pas mal de célébrités du web) comporte des scènes proprement cauchemardesques pour 3,5 à 6,1 % de la population mondiale (selon une étude en neurobiologie publiée en 2009). L’infestation méthodique d’une barre HLM francilienne par une horde d’araignées super-pondeuses, et super-mortelles, mettra à rude épreuve, en plus des nerfs des spectateur·ices, un groupe de jeunes banlieusard·es tentant de s’échapper de leur immeuble insalubre, transformé en piège de soie labyrinthique.
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Les arachnophiles, pour peu qu’une telle chose existe, seront pour leur part repu·es. Tout y passe : grouillement infernaux, pontes instantanées, mutations velues… Vermines bénéficiant d’effets VFX bluffants, rarement égalés dans un film de genre français, assumant pleinement son lignage bis.
Un bon film de monstre, mais infesté de clichés
Hélas, cette critique doit nécessairement s’assortir d’un second trigger warning, adressé à quiconque souffrirait d’allergie aux clichés, ou d’intolérance aux stéréotypes. Car sous couvert d’un regard bienveillant, voire attendrissant, sur les banlieues, le film s’autorise un festival de poncifs, pas forcément méchants, mais qui trahissent une certaine paresse dans l’écriture.
Les personnages répondent ainsi à d’indéboulonnables archétypes, du banlieusard au grand cœur, débitant sous le manteau des paires d’Air Max (Théo Christine, plutôt bon au demeurant), au pote éternellement à la masse, comique de service malgré lui (l’humoriste Jérôme Niel, pas mauvais mais unidimensionnel), sans compter la parabole sociale un poil transparente (qui sont vraiment les vermines du titre aux yeux des autorités ?), pas inintéressante, mais rendue inoffensive par cette imagerie banlieusarde ressassée.
Efficace et fort bien ouvragé dans sa composante film de monstres, Vermines l’est moins dans la filière sociale qu’elle tente de tisser (sans mauvais jeux de mots) et souffre par endroits d’une mise en scène hystérique, où l’effroi des personnages n’est jamais saisi autrement que dans un déluge de cris stridents, à terme pénibles pour les tympans (troisième trigger warning ?).
Vermines de Sébastien Vaniček et Florent Bernard. Avec Théo Christine, Jérôme Niel et Sofia Lesaffre. En salles depuis le 27 décembre 2023.
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