Pour son troisième long métrage, la réalisatrice géorgienne Elene Naveriani filme l’éveil à la sensualité d’une femme de 48 ans.
Au rayon des représentations de la sensualité et de la sexualité féminine, corpus longtemps cadenassé par des fantasmes absurdes et figés, rares sont les films qui en réinventent les formes d’expression. Blackbird, Blackberry, troisième long métrage d’Elene Naveriani (après I am Truly a Drop of Sun on Earth et We Sand) est de ceux-là.
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Un monde nouveau
Ethéro (ironie du sort pour une femme malmenée par un régime patriarcal et hétéronormatif) tient une petite épicerie quelque part en Géorgie, dans un village isolé où l’inertie domine dans une forme de tranquillité à la fois lourde et sereine. À 48 ans, alors qu’elle n’a connu jusqu’alors aucune forme de sexualité, Ethéro débute une relation douce et passionnelle avec un homme, relation et lien inédit qui lui fait entrevoir un monde nouveau.
C’est dans son éveil à cette sensualité nouvelle et l’émancipation intérieure de son personnage que Blackbird, Blackberry trouve sa plus juste et profonde inspiration, quelque part du côté de Guiraudie et de Fassbinder, amour doux et orgiaque dans les champs où l’érotisme devient ce lieu préservé, et donc politique, comme barrage au patriarcat ambiant et aux allégations sexistes qui tentent de stigmatiser Ethéro.
Résiste cependant, dans Blackbird, Blackberry, qui semble parfois tenté par un rire sardonique, une grimace un brin cynique qui vient entacher sa belle bizarrerie, ce mystère incompréhensible ou cette confusion d’une fin qui fait porter à son héroïne le fardeau de sa renaissance, une forme de culpabilité maquillée en geste divin. Le piège d’une équation maladroite entre sexualité et procréation.
Blackbird, Blackberry d’Elene Naveriani, en salle le 13 décembre.
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