Timothée Chalamet en Willy Wonka, le nouveau volet du Dumas Cinematic Universe et un film en forme de démystification du couple… Voici les films à voir (ou pas) cette semaine !
Wonka de Paul King
À l’opposé du film loterie qu’est Charlie et la chocolaterie, Wonka est véritablement un film start-up, où l’enjeu scénaristique repose sur la création d’une entreprise et la fidélisation d’une clientèle. En gros, un pur récit marketing qui fait parfois penser à Barbie de Greta Gerwig dans cette façon de mettre le produit et la capacité à le vendre au centre.
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La critique de Bruno Deruisseau
Les Trois Mousquetaires : Milady de Martin Bourboulon
Le plaisir est intact, même si la surprise, elle, est émoussée : six mois après D’Artagnan, l’adaptation par Martin Bourboulon des Trois Mousquetaires confirme sa plutôt bonne tenue. Il serait excessif de parler de réussite éclatante, et plus juste du miracle d’un blockbuster français qui ne nous fait pas honte, semblant nous dire : c’est possible.
Past Lives de Celine Song
Sous son vernis élégant et gentiment raffiné, un film plus rugueux et cruel se développe alors, en forme de grande démystification du couple. Ici, ni grande passion fougueuse ni coup de foudre étourdissant, mais le sentiment amoureux regardé comme un enchaînement de causalités menant ou non à la constitution d’un couple. Dans la scène la plus réussie du film, Arthur, se sentant peu romanesque face à l’histoire qui refait surface entre sa femme et son vieil ami d’enfance, se met à entreprendre une grande démystification de son couple.
Winter Break d’Alexander Payne
Loin de son habituelle commisération, Payne a su trouver ici la juste distance pour regarder sa bande de laissés-pour-compte (qu’ils aient été abandonnés par leur famille, n’en aient jamais eue ou l’aient perdue), offrant à Giamatti la possibilité de jouer ses gammes misanthropes plus subtilement qu’à l’accoutumée, révélant le débutant Dominic Sessa (l’élève dissipé), et donnant surtout à Da’Vine Joy Randolph un rôle que l’on pense au début subalterne, mais qui se révèle de plus en plus central – et émouvant – à mesure que se déploie l’intrigue.
Blackbird, Blackberry d’Elene Naveriani
C’est dans son éveil à cette sensualité nouvelle et l’émancipation intérieure de son personnage que Blackbird, Blackberry trouve sa plus juste et profonde inspiration, quelque part du côté de Guiraudie et de Fassbinder, amour doux et orgiaque dans les champs où l’érotisme devient ce lieu préservé, et donc politique, comme barrage au patriarcat ambiant et aux allégations sexistes qui tentent de stigmatiser Ethéro.
La critique de Marilou Duponchel
Légua de João Miller Guerra et Filipa Reis
La vibration avec laquelle les cinéastes filment l’intérieur du pavillon bourgeois, regardent ces objets-grimoires, est moins là pour nourrir une nostalgie que pour leur rendre toute leur force d’évocation, leur statut de témoins. Quelque chose alors dans la manière dont communiquent cette matérialité du lieu et celle évanescente du temps, les couleurs changeantes des saisons, cette mélancolie tenace qui émane d’un paysage tranquille et désert percé d’un rayon de soleil, vise à faire de Légua non pas un film enchaîné au passé mais capable, au contraire, de le faire communier avec le présent et le futur.
La critique de Marilou Duponchel
Shttl d’Ady Walter
Ady Walter a tourné son film entièrement en yiddish, langue en voie de disparition mais qui renaît depuis quelques années. Le réalisateur a en outre pris des partis esthétiques assez radicaux. Shttl, tourné en Ukraine en 2021, est un long plan-séquence en noir et blanc, parsemé de quelques flash-back en couleurs. Les dialogues et les scènes sont très théâtrales, un peu obligé de poser de manière didactique les oppositions qui se déploient au sein du shtetl entre les ancien·nes et les modernes.
La critique de Jean-Baptiste Morain
Le Monde après nous de Sam Esmail
Si le premier acte du Monde après nous peut donc convaincre, ou à tout le moins laisser espérer un film assez subtil, lié aussi à la manière qu’il a d’éviter les caractérisations attendues et grossières et de s’attacher à une forme de normalité (les parents ne sont ni passionnément complices ni sur le pied de guerre, les enfants sont raisonnablement caractériels), on doute assez rapidement de la faculté de son auteur à naviguer dans sa propre tempête de signes.
Rue des dames d’Hamé Bourokba et Ékoué Labitey
On pense, bien sûr, à Mean Streets, référence éminente. Mais aussi aux Safdie, dont beaucoup de motifs se retrouvent ici : les formes méconnues de survie et de travail dans les entrailles de la ville ; le soin apporté à la topographie, à l’écosystème (l’interdépendance symbiotique entre cités et beaux quartiers) ; et bien sûr les personnage d’éclopé·es, de marginaux·les, magistralement regardés.
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