Sur TikTok, la chanson « Sans contrefaçon » de Mylène Farmer devient l’étendard de la guerre des sexes.
Au merveilleux pays des trends TikTok, c’est Mylène Farmer qui pose aujourd’hui ses bagages. Depuis plusieurs jours, l’application chinoise vibre au doux rythme des entêtantes paroles de la chanteuse rousse. Des centaines de jeunes femmes ont envahi TikTok avec de très courtes vidéos face cam pour régler leurs comptes avec les hommes sous forme de devinettes. Alors que l’on peut lire à l’écran les récits d’inconduites que chacun·e a vécu, associées à l’homme hétérosexuel typique, suivies de la question “Qui suis-je ?”, les célèbres mots “Sans contrefaçon, je suis un garçon” résonnent en fond.
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Envoi de nudes non sollicités, tromperie, incapacité à communiquer, incivilités, biais misogynes, homophobie… Une liste qui n’en finit plus et révèle, avec humour et amertume, l’expérience collective que les femmes font de la masculinité toxique. Certains hommes reprennent quant à eux ces mêmes paroles pour véhiculer des clichés et discours sexistes : “Je sais conduire et je gagne 20 % de plus. Qui suis-je ?”.
Filles contre garçons
Il n’en a en effet pas fallu plus pour que les hommes du réseau social s’emparent de la trend pour la détourner, et ainsi se plaindre à leurs tours en écrivant “Sans contrefaçon, je suis une fille”. Problème : l’écart d’importance entre les reproches est éloquent. Quand les premières dénoncent le harcèlement de rue et la misogynie, les autres, eux, reprochent aux filles de trop montrer leurs corps sur Internet, d’avoir créé cette trend uniquement par dégoût des hommes après une expérience amoureuse malheureuse ou encore à leurs ex d’être passées trop vite à autre chose.
Des vidéos-réponses qui atteignent parfois les 172 000 vues et laissent place à des discours masculinistes classiques, les commentaires invoquant à maintes reprises la fameuse réthorique du “not all men”. Si la confrontation peut sembler futile, elle met en exergue une réalité déjà observée : ces moyens 2.0 que les femmes utilisent pour exorciser, sur les réseaux sociaux, un traumatisme commun se retrouvent encore et toujours pris d’assaut et moqués par un orgueil masculin mal placé.
Au beau milieu de cette guerre des sexes en ping-pong : Mylène Farmer, sa voix fluette, son allure tomboy et cet air sorti il y a près de trente ans. Preuve s’il en est du regain de popularité de l’artiste, qui continue de faire parvenir ses chansons à la jeune génération par tous les canaux possibles et imaginables. Ses paroles, avant-gardistes pour leur époque et encore pertinentes aujourd’hui, trouvent toujours un écho particulier auprès de la jeunesse.
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