[Hors-série Best of musique 2023] Une année conjuguée au futur antérieur

L’année 2023 pouvait-elle mieux commencer qu’avec le retour inespéré d’Everything but the Girl, près d’un quart de siècle après l’indémodable Temperamental ? Avec leur single de come-back, Nothing Left to Lose, paru dans les premiers jours de janvier, Ben Watt et Tracey Thorn, l’un des tandems les plus importants de la pop britannique, annonçaient sans le vouloir une vague de résurrections successives – Blur, PJ Harvey, Anohni and the Johnsons, Slowdive, Blonde Redhead, The Streets, Drop Nineteens, Tim Smith (le chanteur perdu de vue de Midlake), et même les Rolling Stones sans (presque) Charlie Watts – en une seule année musicale, qui s’est achevée avec le deuxième album d’Isabelle Adjani, attendu depuis… 1983.

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Sans oublier les Libertines, après leur reformation triomphale en 2014, qui sont revenus au creux de l’automne avec le stimulant single Run Run Run (clin d’œil velvetien plus que phoenixien), promettant un quatrième chapitre discographique qui sera l’un des événements de l’hiver, précédé par un concert exclusif aux Inrocks Festival 2024 en tête d’affiche.

Valeurs sûres, météores et reine pop moderne

Outre-Manche d’ailleurs, le rock UK continue de briller, comme en atteste le doublé météorique de Bar Italia, fascinant trio londonien qui conjugue Sonic Youth, Slint et le Velvet au présent. Avec Tracey Denim et The Twits, édités seulement à six mois d’intervalle, Nina Cristante, Jezmi Tarik Fehmi et Sam Fenton se classent haut la main dans notre top 10 des albums 2023.

À y regarder de plus près, ce top se partage d’ailleurs entre valeurs sûres (PJ Harvey, Blur, Anohni, Lana Del Rey, Oneohtrix Point Never) et étoiles montantes (Bar Italia donc, l’Irlandais brillant Grian Chatten, échappé provisoirement de Fontaines D.C., les Écossais fougueux de Young Fathers, l’Anglaise ingénieuse Tirzah).

Paru le jour de la Saint-Valentin, mais seulement disponible chez les disquaires neuf mois après sa sortie officielle – symptôme d’une époque marquée par les retards répétés des usines de pressage de vinyles, qui doivent faire face à une pénurie des matières premières et à une demande exponentielle des labels –, Desire, I Want to Turn Into You, de Caroline Polachek, est incontestablement le très grand album pop moderne de l’année.

Depuis Chairlift jusqu’à Ramona Lisa, la trentenaire new-yorkaise n’a cessé de se réinventer depuis la fin des années 2000, incarnant un parfait trait d’union entre indie pop et hyperpop. Sur le deuxième disque solo de sa carrière, l’ex-chanteuse de Chairlift rayonne de bout en bout, se joue de tous les styles et déjoue tous les codes. Entre tubes évidents (la révolution solaire de Sunset toujours active depuis l’automne 2022), ballades syncrétiques et morceaux hybrides, Caroline Polachek chante la pop du futur avec une maestria renversante et une énergie communicative.

Mythologies et voix familières

En cette année où l’on aura doublement célébré le dixième anniversaire de l’immense Random Access Memories de Daft Punk (en version expansive, découvrant ainsi l’addictif Infinity Repeating avec Julian Casablancas, puis en drumless version), et découvert la musique composée par Thomas Bangalter pour le ballet Mythologies d’Angelin Preljocaj, Étienne Daho est revenu nous promettre de Tirer la nuit sur les étoiles.

Mais en 2023, on est régulièrement passé de l’amour aux larmes en apprenant la mort soudaine du génie auvergnat Jean-Louis Murat. La Grande Faucheuse nous aura aussi retiré David Crosby, Tom Verlaine, Burt Bacharach, Ryūichi Sakamoto, Astrud Gilberto, Jane Birkin ou encore Sixto Rodriguez… Autant de voix familières nous accompagnant depuis des années, des décennies, et auxquelles nous rendons hommage dans notre hors-série Best of musique 2023. En attendant les nouvelles promesses de 2024…

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